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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
O Pedrouzo / Santiago (20 km) - Chaud soleil
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Mercredi 23 Juin 2010
Nous sommes dehors et dans une obscurité totale.
La ville laissée derrière, nous nous enfonçons dans la forêt.
Sans la frontale de Juan, nous aurions eu du mal à ne pas trébucher.
Vers 6h30, la luminosité se fait plus intense, à l’est le ciel rosit …
J’ai peu de souvenir de ce chemin déjà parcouru. Mis à part quelques endroits précis !
Il est 8h45 lorsque nous arrivons à Monte do Gozo.
Séance photo.
Cette fois, Serge est le roi, premier à apercevoir la cathédrale au loin.
Nous descendons et pénétrons dans la ville jusqu’à la place d’Obradoiro.
De l’émotion se fait sentir, mais différente de la première fois …
Est-ce parce que demain nous continuons notre périple jusqu’à Fisterra ?
Malgré tout, je suis heureuse d’être ici !
Direction le bureau des pèlerins où nous découvrons avec joie qu’il ne faut point attendre.
Rapidement sortis avec notre Compostela 2010, nous gagnons notre hébergement tout proche.
Installation prompte et en route pour la cathédrale afin d’assister à l’office de 12h00.
Pas de chance, pas de Botafumeiro …
Puis, douche avant de suivre Juan et Franc vers le « Mercado de Abastos » construit en 1937. Vastes halles de granite de toutes beautés.
Juan achète ; moules, couteaux, praires, petites coquilles Saint Jacques et langoustines que nous emportons, au restaurant du lieu, qui nous les prépare.
C’est un véritable festin de coquillages que nous engloutissons.
Mais, il est temps de passer à des choses plus terre à terre.
Prévoir notre retour – lundi en cinq – en réservant un car.
Nous passons notre dernière soirée, en compagnie de Juan et Franc. Ils nous dégottent un petit restaurant qui nous sert du pulpo et de la cabra rôtie
Puis, malheureusement, vient l’heure d’aller au lit, après un détour par la place où règne une grande animation.
Mais la raison est plus forte et nous nous séparons de nos amis en nous embrassant en larmes.
C’est aussi cela le chemin, accepter que les moments intenses de partage aient une fin !
Dur, dur quand même …
Il fait encore nuit-noire, lorsque nous prenons la route pour Santiago.
Cette étape est la dernière pour Juan et Franc. Il y a deux ans, notre pèlerinage prenait fin dés notre arrivée à Saint Jacques.
Cette fois, nous avons décidé de la prolonger jusqu’à la zone la plus occidentale de la Galice.
Celle qui surplombe les eaux agitées de l’océan Atlantique.
Là où le soleil plonge et disparaît dans les flots.
En attendant, c’est à l’aide de la lampe frontale de Juan que nous pouvons progresser dans l’obscurité et, qui plus est, dans les bois.
Quelques ombres nous précèdent, tandis que d’autres nous suivent.
L’aube qui éveille la nature et nos sens, commence à illuminer de rose les monts. Rien de bien intéressant à noter jusqu’au Monte do Gozo, où cette fois, nous prenons le temps d’admirer le monument édifié en mémoire de la visite de Jean-Paul II en 2004 (précédente année Jacquaire)
De là, nous apercevons bien difficilement, les flèches de la cathédrale.
Ouf, nous y sommes presque.
Une petite déception me gagne en constatant que le panneau d’entrée de Santiago a disparu.
Il y a deux ans, nous étions seuls pour immortaliser notre arrivée. Cette fois, nous avons la chance d’être accompagnés, mais la matière est absente pour raisons de « obras » (travaux)
L’émotion est là, mais atténuée en comparaison de la fois d’avant.
On ne peut, en aucun cas, retrouver les sensations éprouvées lors d’une première entrée dans cette ville.
En premier lieu, du fait que l’on poursuive notre aventure, ensuite de par l’atmosphère du chemin qui n’est pas comparable.
Notre chemin est différent en terme géographique mais aussi, de par les motivations qui nous ont poussés à reprendre le départ.
Nous sommes là, devant la cathédrale, tous les quatre.
Photo, embrassades, re-photo, et direction le bureau des pèlerins.
On s’attend au pire …
Et bien non, il y a moins de monde que prévu.
Pas de file d’attente.
Nos Compostela dans le sac, nous allons prendre possession de notre chambre toute proche.
Pas mal !
On nous conseille d’aller à la cathédrale, de bonne heure, pour trouver des places assises, afin d’assister à la messe. Il est 10h45, nous y allons in-petto.
Effectivement, du monde est présent, mais quatre places près du cœur semble nous être réservées !
Durant l’office, et même après, Juan est bouleversé. Il tente de dissimuler les larmes qui coulent.
Il nous emmène ensuite dans le vieux Santiago.
Dans les halles, nous achetons un gros assortiment de coquillages qu’une taverna nous prépare.
Du vin blanc de Galice accompagne ces mets.
Un régal !
Juan craque et sanglote.
En fait, nous découvrons la raison qui l’a poussé à prendre le Chemin :
Obtenir la guérison de son jeune frère atteint d’un cancer.
Voir cet homme de 48 ans – officier de police – en larmes m’émeut.
Nous l’accompagnons finir son pèlerinage.
Le compromis que tout pèlerin peut faire avec Saint Jacques ou les motivations, qui le pousse à la pérégrination, peuvent se manifester, mais pas nécessairement se conclure, par une salutation toute particulière à l’apôtre.
C’est au travers d’une accolade à la représentation du Saint (statue) qu’on l’effectue.
C’est aussi une manière de montrer une certaine affection en se recueillant devant son sépulcre situé dans la crypte en dessous de l’autel.
Cet endroit est propice à la méditation sur ses engagements personnels.
Devant les reliques du saint, il éclate de nouveau en sanglot.
Ce soir nous prenons notre dernier repas en leur compagnie.
Demain, Juan et Franc prendront la direction de leur casa à Calpé, tandis que nous, celle de Fisterra.
Il est tard, lorsque nous rentrons nous coucher (22h30) Ils ont tenus à nous raccompagner jusqu’à la porte.
Après avoir passé des jours ensemble, vécu des moments d’émotions, d’entraide et d’encouragements, après avoir appréhendé de façons similaires certaines situations compliquées, cette complicité, cette sympathie mutuelle se transforment.
Surgi alors ce sentiment d’amitié et d’empathie.
C’est dur de devoir se séparer.
Promesse est faite de répondre à son invitation.
Je rentre, un peu assommé, dans notre chambre, tandis qu’ils partent faire un tour dans la ville très animée où la fraicheur a succédé à la chaleur.
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