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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
O Cadávo Baleira / Lugo (31 km) - Nuages et soleil
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Samedi 19 Juin 2010
Serge avait prévu un réveil matinal (5h50) car nous côtoyons une bande d’Espagnols ayant tendance à envahir les gîtes !
Une boisson chaude et un bout de pain vite avalés, et nous voici en route dans le petit matin.
Nous traversons – en montant – une zone forestière. Seul le chant des oiseaux nous accompagne, quand, au milieu du sentier, un beau chevreuil nous regarde aussi ébahi que nous !
Nous descendons sur Vilabade, qui possède une église gothique, pour arriver ensuite sur Castroverde. Nous espérons y trouver une taberna.
Mais oui, mais c’est bien sûr, nous sommes en Espagne, il n’est que 8h30 !
Même la panadería est encore close.
Tant pis, les remarquables chemins nous font oublier notre faim.
Les champs ceints de dalles dressées et les murs en granite des fermes, dégagent un sentiment de force et de rudesse.
Ainsi, nous avalons les trente et un kilomètres qui nous mènent à Lugo.
En premier plan, nous découvrons une ville moderne, c'est-à-dire moche.
Je désespère de trouver les remparts séculaires, car autour de nous, il n’y a que des immeubles sans intérêt.
Enfin, rassurée, les vielles murailles romaines (3 et 4ème), classées patrimoine mondial de l’Humanité, sont devant moi.
Oui, elles existent !
Nous franchissons la puerta de San Pedro, tout comme le roi Alfonso II le Chaste en 829, premier pèlerin sur ce chemin.
Mais, je suppose qu’il n’a pas du être hébergé dans les mêmes conditions que nous.
Nous allons découvrir l’albergue de la Xunta !
Sans commentaire …
J’ai retenu la leçon des pèlerines espagnoles de Santander « nous ne sommes juste là que pour dormir »
Enfin je l’espère !
L’après-midi se passe en visite et découverte de la vieille ville et de sa cathédrale, où nous bénéficions d’explications, très détaillées, pendant deux heures trente et en espagnol, SVP !
J’en viens à me demander si nous serons dehors avant que l’albergue ne ferme ses portes !!!
Il est 20h30 quand nous en sortons, en compagnie de Juan et Franc, deux Ibères avec qui nous cheminons depuis quelques jours.
Nous trouvons un menu « del dia » à notre goût.
Quand je vous disais que nous prenons le rythme des locaux …
Cette nuit j’ai mal dormi et j’en ignore la raison.
La chambrée s’est réveillée avant six heures et quarante minutes plus tard, nous étions les premiers à franchir la porte.
Il fait frais, c’est normal, nous sommes à 640 m…
Quelques écharpes nuageuses parsèment le ciel.
Rapidement, la nature nous entoure.
Pas un bruit.
Au détour du chemin, je m’arrête net …
Un jeune chevreuil est là au milieu du sentier.
Il nous regarde, on le regarde …
A peine une dizaine de pas nous séparent. Nous restons une poignée de secondes immobiles avant qu’il ne se détourne pour disparaître soudainement dans les taillis.
Superbe vision, superbe rencontre … malheureusement trop rare.
Malgré mon relatif mauvais sommeil, j’ai la pêche et Edith aussi.
Tout ce qui nous entoure est beau. Le chemin traverse quantité de hameaux et de lieux-dits, dont-il est parfois difficile d’identifier le toponyme exact.
On se croirait un peu en Bretagne, tant les maisons en granite sont ressemblantes. Nous crapahutons à travers landes et forêts, vieux chemins et sentes herbues.
Je suis heureux, et cette impression de liberté est accentuée par l’approche du terme de notre périple.
Je commence à y penser !
De fugaces éclairs de nostalgie m’envahissent alors.
Je m’en ouvre à Didou.
Elle me dit ressentir la même chose.
Tout a une fin, pourtant, j’ai le sentiment de ne pas être parti depuis si longtemps.
Lugo.
Dernière grande cité avant Santiago.
Là-haut, perchée sur son éperon, dés notre approche, elle nous apparaît laide.
Des remparts d’immeubles récents et sans esthétisme nous barrent la vue sur les anciennes fortifications.
Il paraît que ce sont les plus complètes d’Europe.
« Muraille romaine du 3 et 4ème siècle, patrimoine de l’humanité depuis 2000, elles ont un périmètre de 2140 m, une épaisseur de 7 mètres par endroit sur une hauteur comprise entre huit et douze mètres, dix portes – dont une de Saint Jacques – et quarante six tours défensives sur les quatre vingt deux restantes (85 initialement) »
L’albergue de la Xunta de Galice (région) n’est pas aussi luxueuse que ce que nous avions entendu dire.
Comme quoi, les goûts et les couleurs …
Malgré tout, nous ferons avec.
Lugo / San Román de la Retorta (20 km) - Nuages et soleil
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Dimanche 20 Juin 2010
5h40, branle bas de combat, tous sur le pont.
Préparatifs rapides et départ à jeun, la petite « coccina » ne disposant d’aucun ustensile.
Les rues de Lugo sont animées et nous croisons des jeunes poursuivant leur « fiesta », sandwich à la main. Ils nous envoient vers la caverne d’Ali Baba, et nous voici sortant par la porte de Santiago, le casse-croûte jambon-tomates en guise de desayuno !
Le jour se lève à peine, lorsque nous longeons le rio Miño.
J’avais espéré entrevoir les remparts de ce côté, mais de là aussi, ma vision n’englobe que des immeubles.
Dommage !
Nous rattrapons Juan et Franc et décidons de continuer de conserve.
Nous avançons sur une petite route.
Rien de bien extraordinaire à raconter ce jour, mis à part un bref passage dans un beau sous-bois.
En traversant un pueblo, un espoir naît.
Mais, le bar, pré-annoncé par un beau et gros panneau, est … fermé.
Le café chaud et fumant reste un mirage.
Christian rejoint notre groupe.
Nous sommes désormais cinq, et nous arrivons à San Roman.
Taverna fermée et d’albergue point.
Un écriteau agrémenté d’une flèche jaune nous invite à poursuivre.
Huit cent mètres plus loin, nous sommes devant un gîte. Il est à peine 10h30 et l’ouverture est prévue à 13h00.
Question :
Restons-nous ?
Poussons-nous plus loin, jusqu’à Melide, à vingt sept kilomètres ?
Sur les bons conseils de Christian, nous décidons, ensemble, de rester.
Une autre interrogation se pose alors, le ravitaillement : nous n’avons rien.
La taverna dépassée, doit ouvrir vers 11h00. Christian propose de garder les sacs tandis que nous retournons vers cette échoppe.
J’apprécie de pouvoir y avaler un café brûlant et nous y faisons les emplettes nécessaires pour tenir « un siège » jusqu’au lendemain.
Retour au refuge où Marisette et Gérard sont arrivés. Quatre autres personnes se pointent juste avant l’ouverture par l’hospitalier.
Nous avons eu raison d’écouter notre compagnon de route.
Les lieux sont neufs, agréables et la situation en pleine forêt nous changent de la précédente étape.
Comida et cena font l’objet d’un partage des vivres dans une ambiance digne du Camino…
C’est à l’aube que nous quittons l’albergue.
De nombreux jeunes espagnols sont encore dans les rues en buvant force bières et mangeant des bocadillos.
Nous sommes à jeun.
Renseignements pris, il existe une boutique – toujours ouverte – vers laquelle ils nous conduisent…
Et hop, deux sandwichs jambon-tomates-fromage à 6h00 du mat’, un délice !
Nous rejoignons Juan et Franc qui étaient passés devant.
C’est en leur compagnie que nous irons au terme de la matinée.
Je dis matinée, car nous n’avons que dix neuf petits kilomètres à parcourir.
Peu de possibilité existe entre Lugo et Melide pour faire étape, soit quarante sept kms.
Si nous n’avions réservé un hôtel à Melide, pour demain soir, et prévu d’y déguster tous ensemble la spécialité du lieu, nous aurions pu avaler cette distance.
Chemin faisant, le paysage devient de plus en plus celtique ; murets faits de grandes dalles, maisons en granite, horreos.
De superbes chemins creux – des corredoiras – nous emmènent vers notre but.
Ah, j’oubliais de préciser qu’en sortant de Lugo nous avons emprunté la porte de Santiago, ouverte au 18ème siècle dans les fortifications.
Sur le dessus de la porte, dans une niche, un Santiago Matamoros surveille les pèlerins.
Sur les hauts, nous essayons de deviner ou d’entrevoir cette ceinture fortifiée.
Hélas les constructions modernes et laides nous en empêchent.
Rien n’est ouvert dans les pueblos traversés.
Il est vrai que nous sommes Domingo !
Nous voici à San Román.
Point d’albergue privado annoncée, le bar-restaurant-épicerie est encore fermé.
Christian prétend qu’il y en a une autre. Notre guide reste muet sur ce point.
En effet, un panonceau nous indique la direction d’un gîte « temporaire »
Mais il nous faut sortir du hameau.
C‘est reparti !
Plus nous avançons, moins nous apercevons de maison.
Finalement, au bout de huit cents mètres, un petit groupe de toitures, en plus ou moins bon état, émerge de la végétation.
Parmi les maisons en ruine ou inhabitées, nous distinguons une construction de taille modeste, mais rénovée.
C’est bien cela, un homme finit d’en nettoyer les locaux neufs.
Mais il ne nous autorise pas à y pénétrer, les lieux n’ouvrant qu’à 13h00.
Presque trois heures à faire le pied de grue au milieu des bois. Avec nos deux compères espagnols nous envisageons de poursuivre encore sur neuf kilomètres pour trouver une casa-rural hors du chemin.
Christian nous convainc de rester. L’hospitalier nous apprend que le restaurant-épicerie-bar ouvre à 11h00.
Nous voilà repartis tous les quatre, nos sacs sous la surveillance de Christian qui reste sur place.
A l’heure dite, la taverna ouvre ses portes.
Nous nous réchauffons avec boissons chaudes et pâtisseries, puis nous faisons d’amples provisions pour les repas. Chargés, nous reprenons la direction du refuge.
Entre temps, Marisette et Gérard sont arrivés. L’hospitalier nous ouvre peu après.
Nous sommes onze et il ne reste plus qu’une place, deux flamands, rencontrés fréquemment ces derniers jours, mais sans grand échange, repartent en colère.
Tout est super. Ca nous promet une bonne journée et une agréable soirée.
Formidable d’amitié (même si elle est fugace), d’échanges (malgré le barrage de la langue)
Formidable de convivialité avec des personnes d’horizons, de conditions et de pays différents.
Formidable, enfin, de fraternité avec toute la puissance contenue dans ce mot.
Ce sont là des moments inoubliables.
Ils resteront à jamais gravés dans mon cœur et ma mémoire.
Si tous les gars du monde venaient faire le Chemin …. Pourrait dire une certaine chanson !!!
ULTREIA ! Va plus loin ! Ces quelques syllabes résonnent dans mon esprit comme une formidable explosion de bien être.
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