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Un bel arc en ciel nous appelle sur le chemin.
A l’est, le soleil se lève, mais dès les premiers pas, K-way et cape dare-dare.

Une pluie diluvienne nous accompagne sur un grand bout du parcours.
C’est regrettable, car nous évoluons dans une vue d’ensemble extraordinaire avec, tout d’abord, la côte sauvage et parsemée de criques, puis l’intérieur des terres.

N’ayant presque rien avalé ce matin, nous espérions trouver un endroit ouvert rapidement.
Pas de chance, tout est fermé, comme d’habitude !
Quinze kilomètres sont nécessaires pour qu’enfin, à Nueva, nous puissions faire halte, manger et surtout boire chaud.
La pauvre dame finissait juste son ménage, lorsque nous pénétrons, trempés et dégoulinants.
Serge et Roger s’attablent devant une platée de haricots-lard-boudin, spécialité du coin. Quand à moi, je préfère du sucré.
Jean-Marie nous rejoint sans avoir pu échapper au déluge qui a suivi notre arrivée.

Les cieux ont du se vidanger complètement, car la pluie a presque cessé, lorsque nous ressortons. Il ne tombe plus que quelques fines gouttes éparses.
La « tromba » d’hier a laissé ses marques !
Des branches cassées, des fruits éparpillés au sol et surtout d’énormes flaques.
Dans l’état où nous sommes, telles des serpillères, je ne fais même plus attention où poser mes pieds.

C’est soulagé, que nous pénétrons dans Ribadesella.

Direction « l’albergue juvénile », encore fermée, dans laquelle, toutefois, il nous est autorisé d’y poser nos affaires.
Le bâtiment fait face à l’océan. Nous regrettons les caprices de la météo, ne pouvant profiter du spectacle qu’au travers des baies vitrées.
Et, les prévisions ne sont guère optimistes pour les jours à venir.
Il n’y a rien d’autre à faire que de se réfugier dans une cantina pour étancher notre soif et y finir la soirée autour d’un repas partagé avec Roger et Jean-Marie que nous quittons demain.

Ils envisagent de faire une courte distance.


Nous nous levons.
Il pleut à verse.
Le temps de se préparer, un bel arc en ciel a pris le relais.
Photographie, et hop, départ !
Une centaine de mètres, la pluie revient.
On bâche.
Les grosses gouttes seront nos compagnes jusqu’à 10h30 environ.
De l’eau, de l’eau, de l’eau …
Regrettable, car le paysage est grandiose.
Nous longeons la côte au plus près.
Les petits pueblos se succèdent sans commerce.
Nueva, 10h30.
Roger, qui nous précède, repère un bar ouvert.
Nous nous y précipitons pour ;
a- Se sécher
b- Se mettre à l’abri et au chaud.
c- Se restaurer.
Quarante cinq minutes plus tard, nous repartons et la pluie à cessé de tomber pour notre plus grande joie.
Ouf ! Nous pouvons marcher sans avoir à contempler nos pieds.
Même sous ce temps, je conserve le moral.
Il faut être honnête, jusqu’ici, nous avons été relativement épargnés.
Nous avançons à une allure soutenue quand les premières maisons de Ribadesella apparaissent.
L’auberge de jeunesse est vite trouvée, mais nous ne sommes autorisés qu’à y déposer nos sacs et à nous enregistrer, car les chambres ne sont pas encore accessibles. C’est, à nouveau, sous la flotte que nous allons, dans un bar proche, attendre l’heure fatidique.


15h00 ! Ca y est, c’est ouvert, nous entrons, nous gagnons la chambre désignée de cette ancienne maison de maître, au très bel intérieur, avec ses parquets cirés, ses vielles boiseries et son escalier monumental.

Hé oui, il pleut !
Le ventre vide nous voilà dehors et en quelques instants, aussi trempés que la veille.
Des trombes d’eau continues rendent les sentiers impraticables.
Je n’essaye même plus d’éviter de patauger dans l’eau et la boue,
Le décor est pourtant superbe, heureusement, car mon moral est au plus bas.
Et en plus, le fléchage n’est pas toujours bien visible et contribue à nous compliquer la vie, nous obligeant à rebrousser chemin après nous être engagés jusque sur une plage.
L’estomac dans les talons, il est impossible de trouver de quoi le remplir !
Enfin, un abri de fortune nous autorise une pause pour grignoter les quelques biscuits restants.
Je rêve d’un bon café bien chaud.
Le plus dur est de devoir repartir …
Une brève accalmie, nous permet d’admirer la côte très sauvage de la Playa de Espasa juste avant La Isla.
La pluie redouble, nous décidons de suivre la nationale jusqu’à Colunga, tant les chemins sont rendus difficiles.
Au panneau d’entrée, un car nous dépasse.
Nous profitons de son arrêt pour courir vers lui. Le chauffeur nous a aperçus, nous y montons.
Tant pis, il ne faut pas pousser … Trop c’est trop !
A peine à l’intérieur, nous y sommes accueillis par des bravos. Presque tous les pèlerins de la veille, y sont installés depuis le départ et nous acclament.
Ils nous félicitent pour notre courage et ténacité.
Pourtant, nous ne sommes pas fiers du tout d’user de ce moyen, mais honnêtement, je n’en pouvais plus.
Transie, je n’aspire qu’à me déchausser et manger chaud !!!
Première chose en arrivant à Oviedo, se restaurer.
Deuxième chose, l’auberge de jeunesse. Nouvelle douche froide, le tarif y est exorbitant. Demi-tour pour quérir un autre hébergement.
L’albergue de pèlerins ouvre tardivement. Il est 15h00 et on en à marre !
Nous nous rabattons sur un hôtel modeste de la vieille ville où, enfin, nous essayons de sécher chaussures et vêtements pour repartir demain … sous la pluie !



Nous quittons, le ventre vide, l’auberge, Jean-Marie et Roger.
Ces derniers font, du fait des mauvaises conditions climatiques, une très courte étape.
Quant à nous, nous allons tenter de rallier Sebrayo, distant de trente deux kilomètres.
Ce jour, beaucoup de pèlerins baissent les bras (un couple Suisse, trois Italiens, deux espagnols et un Asiatique) et décident de prendre le car jusqu’à Gijón, agglomération située sur le Camino de Norte.
Pour notre part, c’est par le Camino Primitivo, via Oviedo, que nous passerons.
La montagne y est réputée dure, voire très dure !
En sortant, nous sommes assaillis par la pluie.
Nous longeons le Paséo maritimo et admirons les énormes rouleaux de l’océan déchaîné.
Kilomètres après kilomètres, nous traversons des villages complètement déserts.
Pas de vie, tout le monde dort.
Rien n’est ouvert.
Vers 9h30, un abri bus nous offre un refuge précaire pour grignoter nos derniers carrés de chocolat et les quelques biscuits restants.
On repart.
Il pleut !
Edith avance, mais je sens bien qu’elle en a marre.
Pourtant et malgré toute cette eau, nous prenons le temps d’admirer les côtes.
C’est fantastique et il est dommage que le soleil ne soit pas de la partie.
Nous dépassons Isla, dans laquelle Roger et Jean-Marie termineront leur journée dans l’albergue. La tentation de stopper ici me gagne un bref instant.
Regard à Didou … Que fait-on ? On continue !!!
Mes chaussures sont transpercées, je sens mes pieds plein d’eau. Malgré la pèlerine – soit disant étanche – j’ai le short trempé, même le mouchoir est mouillé.
Les lunettes sont dégoulinantes et c’est à travers une pellicule d’eau que je tente de déchiffrer les indications du guide.
Nous sommes sur la N632.
Plus que quelques longueurs avant l’entrée de Colunga. Sur le bouquin, figure un hôtel à tarif pèlerin.
Nous allons nous y arrêter, car je ne nous vois pas continuer encore trois heures sous ce déluge.
Un arrêt de car est là à une centaine de mètres.
Un homme sous un parapluie semble attendre.
Il s’avance hors de l’abri.
Je me retourne, un car arrive, passe à ma hauteur, je lui fais signe.
Je traverse et me mets à courir.
Le chauffeur nous a vus.
Il descend pour ouvrir la soute.
« Allez-vous à Sebrayo, lui demandais-je ? »
« Oui, me répond-il ! »
Les sacs dans le coffre, on monte !
Et là, presque tous les pèlerins – cités plus haut – sont présents.
Nous gagnons nos places sous des applaudissements et des bravos.
En fait, ils saluent notre courage, dixit la Suissesse !
Edith craque et verse quelques larmes.

A Villaviciosa, nous n’avons que quelques minutes pour prendre la correspondance et acheter nos billets pour Oviedo.
Nous saluons une dernière fois nos compagnons d’infortunes.
Il est 13h30 lorsque nous sortons de la gare routière d’Oviedo.
Nous remplissons nos panses dans la cantina du lieu.
Puis, direction l’AJ située à l’autre bout de la ville. Mais ici, dans cet établissement et contrairement aux autres, il faut posséder la carte d’adhérent.
Retour à la case départ.
Mon moral se lézarde un tantinet aujourd’hui.
Je me sens coupable d’avoir pris le car et j’en veux un peu à ce pays pour son manque de cohérence. Nous avons été acceptés plusieurs fois dans ce type d’auberge en tant que pèlerin, mais ici non !
Pourquoi ???
Mystère !!!
Finalement, c’est dans un modeste hôtel que nous allons dormir.

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