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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
Saint Jean Pied de Port / Saint Etienne de Baïgorry (18 km) - Soleil / Très Chaud
Saint-Jacques de Compostelle / FRANCE
Lundi 24 Mai 2010
Nuit digne d’un gîte proche de l’Espagne !!!
Nuit d’enfer !!!
Le dortoir était partagé avec : une bretonne angoissée, un Coréenne qui débarque (portable à 22h00) et un Québécois ronfleur.
Le « pied », mais pas de Port !!!
Bref, peu dormi, car à cinq heure, l’étage du dessus sonne le branle-bas.
Quand ma montre bipe à six heures, pas de problème, ah ! si : les sanitaires bouchonnent et l’espace réservé au repas déborde.
Cool !
Yvon s’est levé en même temps que nous et nous nous séparons en haut de la rue. L’envie de nous accompagner le démange …
Nous suivons – cette fois – les balises du GR10. Enfin, nous l’espérons, car première difficulté, nous constatons que nous sommes sur le GR65 !!!
Demi-tour, pour prendre, au hasard, une direction. Après consultation de la carte, Serge pense que nous devrions récupérer le bon GR d’ici peu.
Evidemment, je ronchonne.
Je m’attendais à une bonne grimpette et je suis copieusement servie …
On monte, on monte, on monte et on … monte, et pour finir par un raidillon abrupt.
La crainte des vautours nous survolant de près, m’empêche de craquer. J’en viens à envier les vaches vautrées dans l’herbe qui ne bronchent même pas à notre passage.
De plus, un vent violent nous balaye. Mais, j’avoue, que le spectacle, offert au sommet ; un panorama à couper le souffle (qui est déjà court !), vaut ce gros effort.
.
La pente herbue est agréable.
Des Pottocks paissent tranquillement dans les vertes étendues
Une petite pause s’impose, dès que l’on trouve un coin abrité du vent particulièrement fort. La descente se poursuit, mais au loin, horreur, de nombreux 4x4 dévalent d’un sommet surmonté d’une chapelle !
Arrivés à la hauteur des voitures en stationnement, nous croisons un randonneur qui nous renseigne sur le motif de leurs présences.
Il s’agit d’un pèlerinage annuel des bergers. Les véhicules servent au transport des personnes âgées ou dans l’impossibilité de gravir la colline jusqu’au lieu de culte.
Rassurés, nous continuons notre progression car tout ce qui a été gravi doit être effectué dans l’autre sens.
Et ça descend, ça descend, ça descend …
Enfin, je suis heureuse de sentir mes pieds sur du plat.
Nous sommes rendus à destination, apparemment de façon rapide, comme nous le font remarquer nos hôtes.
Le gîte « Gaïneko-Karrikan » est une ancienne école. Il est ouvert depuis le 13 mai. Un bon cru !
Tout est neuf, propre et de très bon goût. Nos hôtes (institutrice et éducateur) sont charmants et prévenants.
Quelques instants de repos plus tard, Marie-Pierre, nous propose d’assister à une partie de pelote Basque, dans laquelle son fils de 14 ans participe.
Nous découvrons et apprécions les règles de ce jeu.
Le match se termine, lorsque nos amis (Nadine et Yvon) nous rejoignent en nous narguant : ils ont mis – à peine – dix minutes en voiture pour venir de Saint Jean Pied de Port !!!
En fin de journée, c’est au presbytère que nous allons converser et échanger, avec le curé, des souvenirs de Chemin. Il se fait un plaisir de nous tamponner nos documents.
Nous regagnons nos pénates pour y être servis comme des princes.
SERGE
Après une nuit calme – pour moi, car j’avais mis mes boules Quiès – nous avons quitté Yvon un peu tristounet de nous regarder partir.
Pour sortir de Saint Jean, nous pataugeons un peu dans la semoule …
Impossible de trouver le départ du GR10.
En fait, il est en doublure avec son cousin, le GR65, sur quelques centaines de mètres. Rapidement il devient pentu. Nous laissons le goudron pour un sentier herbu. Le ciel est d’un bleu superbe, les seules tâches dans l’azur sont celles des oiseaux de proie.
Tout d’abord, celles des vautours planant avec majesté dans le vent qui devient, de plus en plus, violent au fur et à mesure de notre ascension. Ensuite les ombres, plus petites, de rapaces inconnus de nous, qui chassent à quelques dizaines de mètres comme si nous n’existions pas.
La beauté du panorama est à couper le souffle du plus blasé qu’il soit.
Ici, on se livre au Chemin et le Chemin nous délivre …
Ca monte et ça monte.
Nous passons de 156m (St Jean) à 400m rapidement. Puis nous grimpons jusqu’à 1021m, point culminant de l’étape, mais sur cinq kilomètres seulement.
Soit, cent vingt cinq mètres par kilomètres.
Impressionnant.
Un vent, à arracher les cornes des vaches vautrées dans l’herbe rase, contrarie notre progression.
Heureusement qu’Edith est lestée de son sac, sinon …
Ca y est, nous sommes au sommet. Il va falloir redescendre. Les marques du GR sont peintes sur des rochers dissimulés dans les herbes. Pas facile de voir par où nous devons aller.
L’intensité des rafales diminue en même temps que l’altitude. Nous côtoyons de petits troupeaux de Pottocks en totale liberté.
Farouches, ils ne se laissent pas approcher.
Mis à part les vaches, les chevaux et quelques moutons cornus, pas un chat !
Nous sommes vraiment seuls au monde.
C’est dans ce silence que je tente de trouver des réponses, de me chercher en quelque sorte. On ne prend pas le chemin pour se mentir, car ici, on ne tromperait que soi.
Au risque de me redire, je me sens bien depuis le départ. Mais là, dans ce décor, la plénitude de mes sens atteint son sommet.
C’est le cas de le dire …
Au loin, j’aperçois moult voitures de garées. Ce doit être des randonneurs à la journée, me dis-je ?
Hé bien non, tout faux.
Ce sont des pèlerins.
Oui exactement…
Au sommet d’un pic est une chapelle vieille de trois cents ans. Chaque année au printemps, une messe y est célébrée. Celle-ci afin de chasser les orages de la vallée et d’épargner les troupeaux.
Ce sont essentiellement des bergers et gens de la terre qui assistent à cet office.
Toute cette histoire – un peu légendée – nous est contée par des vieux, au béret basque vissé sur leur tête, avec lesquels nous bavardons lors de notre arrivée à leur hauteur :
« Jadis, un curé ermite, était payé pour rester en haut afin de dire des messes et chasser les démons (les orages …) vers l’ailleurs. Cet ailleurs étant l’Espagne. Les bergers Ibériques, pas heureux de recevoir toute cette eau, offrirent une cloche en or à la paroisse du curé afin qu’il redescende. »
Nous prenons congé de ces gens très avenants.
Dans la descente, nous croisons un randonneur qui va d’occident en orient. Il nous renseigne sur les difficultés des jours à venir et sur les gîtes d’étape.
Pour arriver à Saint Etienne de Baïgorry, les dénivelés sont rudes.
C’est plus dur que les côtes.
Edith a failli choir.
Nous voici rendu au terme de l’épreuve.
Notre gîte est ouvert depuis le 13 mai !
Marie-Pierre et Beñat nous accueillent dans des locaux flambants neufs. Une chambre pour deux sera notre havre nocturne. Nous sommes invités à assister à une partie de pelote basque avec « Juku Garbi »
Le fils de la maison (14 ans) dispute avec son équipe un match contre une commune voisine. Nous en apprenons les règles, les termes et la technique.
La balle, recouverte de cuir, est en laine avec un noyau fait d’un caillou ou de hêtre.
Fascinante est la maîtrise de ces gamins pour récupérer et renvoyer ce boulet qui peut atteindre jusqu’à deux cents kilomètres à l’heure.
L’équipe locale doit s’incliner…
Nous avons la joie de la visite de Nadine et Yvon. Celle-ci, venue récupérer son pèlerin de mari à St Jean, a tenu à venir nous saluer.
Charmante attention.
Ils repartent juste avant notre visite au curé.
Curé avec lequel nous dissertons sur nos chemins respectifs durant une bonne demi-heure.
Nous apprenons aussi, que c’était lui qui officiait ce matin lors de l’ascension d’Oylarandoy (pèlerinage des bergers)
Saint Etienne de Baïgorry / Bidarray (24 km) - Soleil
Saint-Jacques de Compostelle / FRANCE
Mardi 25 Mai 2010
Journée de «M ---- »
Pourtant, tout commençait bien : bonne nuit, bon petit déjeuner et bon départ.
Je savais que le tracé était ardu et effectivement, dès le début, le chemin grimpe sérieusement. A nouveau, plus nous montons, plus le spectacle est grandiose …
Une rencontre avec un berger interrompt notre avance. Il attire notre regard vers les aires de vautours nichées dans la falaise. Ces mêmes vautours tournoient au-dessus de nous pendant notre ascension.
Le sentier, à flanc de montagne, se rétrécie de plus en plus.
Et moi je suis de moins en moins rassurée.
J’évite de fixer le vide qui s’accentue. Par rafale, le vent souffle très fort. J’ai l’impression de ne pas faire le poids.
Malgré tout, je grimpe …
La pause croissant s’effectue assis sur un rocher.
Nous voici au pied de la crête avec, selon les renseignements reçus hier, le choix de continuer sur le GR ou d’opter pour une sente, tracée par des animaux, qui contourne ce passage plus que délicat.
Au vue de mon anxiété, Serge choisit la seconde solution.
Mauvais choix …
Le tracé s’arrête.
Pas de panique, nous remontons vers ce qui semblerait être la bonne piste. Manque de chance, nous aboutissons sur un parc à moutons puis plus rien …
J’avoue que je commence à être très inquiète.
Nous voilà repartis dans une autre direction, avec le secret espoir, de récupérer ce fameux sentier.
Echec, impossible d’atteindre le versant d’en face, un large précipice nous en sépare.
Là, je panique.
Serge s’énerve de me voir dans cet état. Pas d’autre solution que de faire marche arrière jusqu’à l’enclos. Je propose de rejoindre le point où nous avions quitté le GR10.
Refus net de Serge qui me fait remarquer que je serais incapable de poursuivre sur les crêtes !
Je pète les plombs …
Je m’énerve …
Je lui lance à la figure qu’il n’aura qu’à continuer tout seul, que demain j’arrête …
Total, nous redescendons sur le versant opposé tout ce que l’on avait gravi dans la matinée.
Résultat, nous nous retrouvons à environ quatre kilomètres de notre point de départ. Il y a pourtant 4h30 que nous crapahutons.
Enfin, nous rejoignons un hameau dans lequel nous nous faisons indiquer la direction de Bidarray éloigné de dix kilomètres par la route, qui évidemment monte et descend.
Pas un endroit pour s’arrêter et manger un peu.
Il fait horriblement chaud.
Nous parvenons, enfin, à destination.
Une dame nous indique le refuge et nous demande si nous descendons des crêtes ?
Je fonds en larmes pendant que Serge lui relate nos déboires.
Gentiment elle me remonte le moral.
Demain sera un autre jour…
Le gîte est géré par le curé qui nous héberge gracieusement eu égard à notre statut de pèlerin.
Le repas d’hier au soir était bon, copieux et régional.
Ce matin, un buffet nous était proposé.
Nous avons quitté cet endroit le ventre plein et l’enthousiasme débordant.
Dès la sortie de la ville, ça grimpe !
On monte, on grimpe, on monte …
Le GR10 passe – ce jour – par les crêtes de trois pics : Buztanzelhay (1029m), Astate (1022m), Iparla (1044m) et entre eux, des cols à 736m, 808m, 945m et 950m …
Autant dire les montagnes russes.
Un berger qui visite ses moutons, nous fait voir les aires des vautours, reconnaissables de loin par les taches blanches importantes, occasionnées par les déjections des jeunes oiseaux.
Nous n’en sommes pas très loin.
Le simple fait de s’en approcher (~100m) inquiète les grands oiseaux qui se mettent en cercle au-dessus de nos têtes.
Impressionnant !
Le vent est fort par moments. Avant le premier pic, c’est déjà dur. Le chemin, très étroit, surplombe de fortes déclivités.
Edith est inquiète et commence à avoir le vertige.
Il est donc impensable de passer par le chemin des crêtes.
Le randonneur, croisé hier, nous a renseignés sur l’existence d’une voie – non balisée – qui serpente au pied des pics. Elle permet ainsi d’éviter les successions de montée/descentes très pentues.
Nous sommes arrivés au carrefour de ces deux possibilités.
A gauche le GR balisée, à droite l’aventure.
Va pour la deuxième solution.
Au début, tout va bien. La petite sente est bien marquée dans les herbages. Puis au fur et à mesure de la progression, elle s’efface pour laisser place à d’innombrables affluents qui se perdent vite dans les fougères.
Il ne faut pas compter sur la carte pour nous aider.
Plus moyen d’avancer, nous montons pour récupérer un semblant de chemin qui se termine sur le bord d’un aplomb infranchissable.
Edith pense que nous sommes perdus et préconise un retour en arrière.
J’insiste pour continuer car j’aperçois de l’autre coté le fameux sentier salvateur.
Mais, il nous est impossible d’y accéder.
Demi-tour vers le parc à moutons où, finalement, nous trouvons un large chemin carrossable qui descend sur un village cinq kilomètres plus bas.
Nous sommes à Urdos, petit hameau, il est 12h30.
Nous avons parcouru quatorze kilomètres de côtes et de pentes ardues pour nous retrouver à moins de cinq kilomètres de notre point de départ.
Rageant !!!
Nous nous renseignons, nous prenons la route.
Dix kilomètres plus loin et quelques litres de sueur après, nous arrivons – penauds – à Bidarray.
Le père Léon Oxarango (Oxa = loup, Ran = ville, Go = haut, soit, ville haute des loups) nous accueille dans son gîte « Aire-Zabal »
La nuitée y est à 13€, mais gratuité pour les pèlerins.
En fin de journée, il vient nous rendre visite et nous passons un long moment à discuter du chemin, bien sûr, mais également de sa jeunesse, de son engagement et de sa famille.
Un vieux Monsieur étonnant et passionnant à écouter.
J’espère que demain nous n’aurons pas à subir la même mésaventure.
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