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Le repas d’hier soir restera un grand moment dans nos mémoires.
En guise de « repas pèlerin » nous n’avions en tout et pour tout qu’une petite assiette de pâtes avec une sauce aux lardons.
Surpris par la frugalité de la nourriture, tous ensemble et d’un seul cri du cœur, nous réclamons du rab !
Encore un souvenir de plus …

Revenons à ce matin, où dans notre gîte, nous partageons – avec Bernard qui nous y a rejoints – la collation matinale.
En route pour Les Cars (pas l’autobus, la commune … ha, ha)
Les gouttes de pluie recommencent à nous agacer. Les chemins sont boueux. Dommage car tout ce qui nous entoure est magnifique : des jacinthes, des orchidées et des fleurs de toutes sortes …
Le nez à raz de terre, nous loupons une balise, et il nous faut consulter la carte pour retrouver le tracé.
Chalus que l’on atteint est aussi désert que lors de notre venue en septembre dernier.

Reprise d’un sentier en sous-bois dès la sortie du village et passage sur un « petit pont » plus que rudimentaire entre deux étangs.

Peu après, nouvelle erreur de trajet, mais cette fois vite rectifiée.

Nous voici à Firbeix où un snack ambulant attire notre regard.
Mais oui, mais c’est bien sûr …
Nous y avions fait halte lors d’un voyage retour du Périgord il y a trois ans. Des tables et chaises à l’abri nous conviennent parfaitement.
Merguez – frites pour tous…

La pluie cesse et un timide rayon de soleil parvient à déchirer les nuages.
En repartant, nous empruntons un petit raccourci jusqu’à Saint Martin de Furgie : goudron pour goudron, pas d’hésitation.
Nous cheminons tranquillement quand tout à coup Bernard attire notre attention : dans un pré, deux gros animaux.

Certainement un cerf et sa biche !

Plus qu’un petit effort et nous entrons « dans » La Coquille.

Nous sommes un jour férié, grand désert dans la commune. Tout est fermé, même le gîte qui n’ouvre qu’à 16h00. Dans mon souvenir (quand nous y étions hospitaliers l’an passé) nous restions sur place pour accueillir les pèlerins les jours pluvieux …
Mais, il semblerait que tous n’aient pas la même démarche. Dommage.
Pour tuer le temps, nous allons consommer dans le seul lieu ouvert, le J and J, tenu , encore, par des anglais !!!
L’heure venue, c’est « presque » chez nous que nous entrons, tant notre séjour en septembre dernier est encore présent dans notre mémoire...

C’est dans la bonne humeur que nous finissons cette journée.


Ce matin nous découvrons un temps gris, humide où quelques gouttes font leur apparition.
Nous partons bâchés !
Cette humidité ambiante se transforme rapidement en une pluie régulière et tenace. Nous serons arrosés quasiment toute la matinée.

Il y beaucoup de chemins en sous-bois, les senteurs y sont exacerbées.
J’ai toujours la pêche. Même si la tendance que prend la météo n’est pas des plus réjouissantes.
Mes talons souffrent un peu. Je pense que nos chaussures ne sont pas tout à fait adaptées au bitume.
Nous verrons en montagne ce qu’elles valent.

Nous arrivons à La Coquille, étape où nous avons été hospitaliers en septembre. Nous connaissons donc parfaitement le chemin depuis Sainte Marie de Furgie et le gîte également.
Lorsque nous parvenons devant la porte, elle est close.
Le refuge ne s’ouvre qu’à 16h00.
L’an passé, lorsque le temps était pluvieux ou menaçant, nous restions présents afin d’accueillir les pèlerins mouillés et fatigués !

Nous allons prendre un « pot moussu » au seul bar ouvert tenu par des anglais.
Là, une hollandaise est attablée devant un thé.

Vers 15h45, nous décidons de nous approcher du gîte afin d’y prendre nos quartiers. Thérèse et Gérard nous accueillent avec des boissons fraîches.
Le repas est exceptionnel et copieux. Il faut préciser que Gérard était boulanger – pâtissier – chocolatier.
Cela me fait une drôle d’impression d’être de l’autre coté du miroir.

Le départ n’a rien d’inconnu pour nous. Nos chaussures avaient fait leurs premiers pas sur ces chemins.
Aujourd’hui, c’est un peu de boue qui les agrémente.
Tiens, les deux chiens du moulin Margot – qui agaçaient notre Kinou – ne sont pas présents !
Seul, l’âne est au rendez-vous un peu plus loin. C’est de nouveau à quatre que nous cheminons. Bernard, bien sûr, et maintenant Michel que nous avions rencontré à Flavignac.
Depuis hier, nous sommes dans le Périgord vert. Les paysages différents, et les vaches se font rares.
Les châtaigniers et les noyers apparaissent. La flore change également. Finies les jacinthes sur lesquelles nous marchions encore hier. Boutons d’or, marguerites et grandes hampes de fleurs blanches bordent les chemins.
Les orchidées sauvages ont changé d’aspect. Seul le chant des oiseaux reste le même, j’invite le Coucou à chanter plus fort.
Je serais bien curieuse de savoir quel est celui qui nous siffle … plusvit, plusvit … !!!
Les cloches sonnent 11h00, lorsque nous entrons dans Thiviers.
Avec le secret espoir de trouver un établissement pour nous restaurer, nous avançons jusqu’au centre.
Rien.
Tout est clos !
Thiviers, nous joue « ville morte » !!
Une boulangerie devra nous suffire. Et un banc, pour grignoter …
Pas de pluie, c’est déjà ça.
Redémarrage trente minutes plus tard pour, faire une infidélité à notre guide. En le suivant, nous aurions six kilomètres de plus à nous taper.
Nous marchons dans les traces de Napoléon, sur la route qui porte son nom.
Je pense que le pèlerin d’antan, n’était pas stupide au point de suivre un itinéraire rallongeant son chemin.
C’est donc une ligne droite, digne de la Via Aquitana, qui nous conduit à Sorges.

Il n’est que 14h10, mais les hospitaliers, attablés, nous invitent à pénétrer.
Guy – un autre marcheur – est déjà installé.
Douche et grande lessive, car le gîte est équipé de machines, et nous voilà prêts pour une fin de journée délassante.
J’oubliais ! Sorges est Capitale de la truffe, mais ne rêvons pas, elle ne sera sûrement pas au menu ce soir !

Nous avons quitté notre havre de paix de La Coquille, sous un ciel couvert mais sans eau. Tout était préparé par nos hôtes à notre réveil.

Nous connaissons les quatre premiers kilomètres de l’étape du jour pour y avoir testé nos chaussures neuves en compagnie d’Akine qui était présente durant notre quinzaine d’hospitalité.
C’est un agréable sentier – un peu boueux certes ce jour – qui serpente en lisière de bois.
Pas de bruit … Le chant des oiseaux rythme nos pas.
Un enchantement.
Quelques gouttes se pointent mais en quantité insuffisante pour nous impressionner. Nous ne sortons même pas la cape, c’est vous dire.

Il n’y a aucun village avant Thiviers. Soit dix sept kilomètres à parcourir. Nous y parvenons sur le coup des 11h00.
Mis à part trois boulangeries, rien n’est ouvert.
La commune est comme figée. Quelques personnes errent dans les rues avec leur baquette sous le bras. Pas un bar, pas un restaurant n’est ouvert.
Donc achat de quelques pains fantaisies, anchois, olives, lardons … et, sur un banc de la placette nous les engloutissons sous les regards curieux des passants.

Notre but, Sorges en ligne de mire, nous reprenons la marche sans suivre le guide Chassain. Il nous ferait décrire des méandres qui allongeraient le trajet de six kilomètres.
Nous empruntons la route de Napoléon, impressionnante ligne droite de onze kilomètres avec quelques petites déclivités.
Une paire d’heures plus tard, nous voici au terme de l’étape.

Je crains que les hospitaliers ne soient absents, car sur la Voie de Vézelay, les refuges associatifs n’ouvrent leurs portes qu’à 16h00.
Je m’approche de la maison.
Par la fenêtre ouverte, j’aperçois les deux bénévoles en train de finir leur repas.
« Bon appétit » leur criai-je par l’ouverture.
« Entrez, entrez » me répondent-ils.
Ouf. Nous voici dans la place.

Nous n’y sommes pas les premiers. Guy est déjà installé.
Bernard et Michel sont à la traîne et arriveront un peu plus tard.

Claire et Marcel préparent le repas du soir que nous prendrons tous ensemble.


J’aime ces ambiances de repas partagés où nous côtoyons des personnes originaires de régions et pays différents.
Nous avons en commun ce même but, cette même envie qui nous rassemble et nous unit.

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