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Sœur Mireille, comme prévu, nous a préparé la table avec tous les ingrédients pour bien commencer la journée.

Nous sommes propres et secs grâce aux bons soins prodigués par les religieuses. Fins prêts pour affronter une météo maussade car la pluie tombe droite sans discontinuer.

Halte est faite à Saint Léonard de Noblat pour y visiter sa Collégiale.
A la sortie de la ville, un pont roman enjambe La Vienne.
Un sentier extrêmement raide débute juste à l’arrière d’une usine de porcelaine. Toute l’eau de ces derniers jours n’a pas arrangé le terrain : patouille, gadouille, tout ce qu’il faut pour salir les chaussures, car le restant du parcours se terminera sur le … goudron !

Les efforts fournis pour arriver à Auriel ne sont même pas récompensés par la traditionnelle et attendue brioche car aucun commerce n’est en vue.
Et toujours la pluie …

Un appel de Laurent vient troubler notre sérénité et nous peine énormément. Il nous apprend le décès de Roger. A cet instant, toutes nos pensées convergent vers son frère Georges qui doit être très accablé.

La pluie perd de son intensité peu avant midi alors que nous approchons de Limoges.
A la sortie de Feytiat, un petit restaurant attire le regard de Serge et d’un commun accord, nous en poussons la porte.
Soulagés de nos capes et de nos sacs, nous dégustons ce moment de répit.
Il s’avère que ce repas est le dernier que nous partagerons en compagnie d’Anne-Marie qui interrompt son chemin à Limoges.
Réchauffés et séchés nous repartons l’estomac lesté.
La grande ville se dessine. La circulation s’intensifie au fur et à mesure de l’approche et j’ai le tournis.
Distraits par ce remue ménage, nous loupons une balise et suivons un autre itinéraire.
Nous parvenons jusqu’à la Cathédrale pour y constater qu’elle subit une cure de jouvence et ne sera ouverte qu’à 14h30.
Notre compagne décide de rejoindre la gare et nous l’escortons sur quelques mètres et lui souhaitons un bon retour en Autriche.
Avant de nous quitter, elle immortalise cet instant par une photo et nous adresse un « bon Camino ».
Retour vers la Cathédrale dans laquelle nous faisons apposer le cachet avant d’en faire la visite.

La sortie de l’agglomération me semble interminable. J’ai des douleurs sous les voûtes plantaires occasionnées par les chocs répétés sur le bitume.
Je ne vois pas arriver le bout de cette étape …

Enfin, nous approchons du gîte chez l’habitant qui se situe hors du chemin.
Chez M. et MME Tapie nous partageons un studio avec Bernard …
Non ce n’est pas celui auquel vous pensez !!!

Je me défais de mes chaussures avec délice.

Nous dînons avec nos hôtes, madame Tapie s’excusant avant la fin du repas, pour aller répéter avec un groupe de musiciens dans son salon.
A 21h00 nous regagnons nos couchages au son de la musique baroque.
Mes yeux se ferment …
23h30, un message de Laurent nous annonce son arrivée à Bussy Saint Georges chez Laurence.




La neige d’hier n’a pas tenu.
Ouf !

Nous étions – il y a une semaine en plein été – et nous voilà derechef en hiver.
Donc, ce matin et après un au-revoir aux sœurs venues nous encourager, nous sommes repartis sous la pluie fine et glacée. Régulière et verticale elle nous accompagne toute la mâtinée.
Je transpire énormément sous la pèlerine. Cette chaleur due à la longue montée se transforme bientôt en froid. Je suis gelé !
Même mes mains – surtout dirai-je – sont frigorifiées.
J’éprouve de la difficulté pour retourner les pages du guide dans la protection plastique suspendue à mon cou.

Nous traversons Saint Léonard de Noblat. Belle Collégiale qui renferme un trésor et nous passons sur La Vienne.

Coup de fil de Laurent qui nous apprend le décès de Roger.

Suivent les bourgades de Auriel, Crouzeix, Feytiat et enfin Limoges. Juste avant l’entrée de la ville, un petit restaurant nous fait un clin d’œil.
D’un même élan nous entrons nous mettre au chaud. Nous n’avons pas envie de renouveler l’expérience d’hier.
Quelques clients au bar ou attablés, nous dévisagent d’un air surpris. Malgré la présence de La Voie de Vézelay devant leur porte, ils ne semblent pas habitués à voir débarquer des équipages de notre genre.
On nous indique gentiment un coin où déposer tout notre barda, puis nous nous installons.
Des personnes nous interrogent sur notre destination, d’autres notre provenance, bref l’étonnement amusé se transforme peu à peu en curiosité.
On nous souhaite bonne route lorsque nous repartons repus et réchauffés.

Tiens, il ne pleut plus.
On devine même la possibilité d’une éclaircie. La cape est aussitôt roulée sur le sac.

Limoges est une grande ville. Très grande même. Il nous faut du temps pour gagner le centre et y visiter la Cathédrale Saint Etienne des 13, 16 et 19 ème siècles.
Clocher roman – Crypte de 1095 – buste reliquaire de Saint Jacques – Très belle réalisation de style gothique flamboyant à ses débuts.

C’est ici qu’Anne-Marie nous quitte. Elle rentre dans son Autriche natale. Elle prend le train à Limoges Bénédictin pour Toulouse où demain, un avion l’emmènera à Munich, de là, un autre train la déposera à Salzbourg.
Accompagné seulement de Bernard, nous poursuivons la route.
Lui aussi nous quittera bientôt, mais c’est une autre histoire …

Il nous faut grimper assez fortement pour sortir de la ville. Ca n’en finit pas. Que du goudron depuis le départ de chez les sœurs !!!
Fatiguant et tuant pour les pieds qui encaissent des chocs répétés.
Enfin Gigondas apparaît sur les panneaux routiers et bientôt la dernière intersection est là.
Plus que quatre cents mètres nous informe un monsieur en voiture qui ralentit à notre hauteur. C’est notre hôte qui a reconnu en nos personnes – on se demande comment – ses pensionnaires d’un soir.
En fait de quatre cents mètres c’est pratiquement un kilomètre que nous devons encore effectuer avant d’arriver.
Délivrance !
Le studio est correct et le tarif aussi.

Une courte étape nous attend, tant mieux, car il n’est pas possible de se restaurer avant 8h00 !!!
Hier, avant d’arriver, nous avions emprunté une longue et raide descente. J’appréhendais le départ, en sens inverse, de ce matin. Mais, à mon grand soulagement, M. Tapie nous renseigne sur l’existence d’un raccourci pour retrouver le balisage.
Ce joli sentier – très raide quand même – nous amène directement à Mérignac.

En entrant dans Aix sur Vienne, Bernard se dirige vers la pharmacie et je l’accompagne car les douleurs de mes voûtes plantaires se sont réveillées. J’espère qu’une dose d’Efféralgan me soulagera.
Nous en profitons pour faire nos courses.
Le pont sur La Vienne franchi, nous quittons la ville. Encore et toujours du bitume …
Toutefois, les routes sont petites et dépourvues de circulation. Pendant un moment nous longeons l’Aixette et ses moulins à eau qui m’intrigue ???
Je n’ai pas de réponse !
A Saint Martin le Vieux nous marquons un temps d’arrêt. Assis sur des bancs, face à un pré, où, vaches et poules « casse-croutent » comme nous. Le ciel clément jusqu’à présent se couvre et nous aimerions bien atteindre Flavignac avant les gouttes.

13h00, nous recevons un appel de notre fils. Le décollage est imminent. Notre petit bonhomme Enzo, nous explique qu’il va partir dans un gros avion pour aller à … « Noui York »
J’aimerais bien être une petite souris pour le voir !!!
Aujourd’hui, nous avons laissé les plateaux du Haut Limousin pour pénétrer dans les Monts de Châlus. L’eau est présente partout dans ces paysages du parc naturel Périgord – Limousin.
Le châtaignier y est exploité sous toutes ses formes : bois, fruits, vanneries, etc. …
Et nous voici déjà à Flavignac. Nous passons devant le gîte pour aller quérir les clés à la mairie qui n’ouvre qu’à 14h00.
Un peu d’attente occupée à consommer un café au bar tout proche.
L’espace prévu pour quatre est très propre, mais ne permet pas de cuisiner. Comme deux autres pèlerins se sont annoncés, il sera impossible à Bernard de loger sur place. C’est donc vers le camping qu’il dirige ses pas.
Ce sont deux Belges - que nous avions côtoyés à Chatelux le Marcheix, dans l’auberge anglaise – qui partageront les lieux en notre compagnie.



Gris mais sec, voilà le temps de ce matin.
La température n’est pas glaciale, c’est dépourvu de cape que nous quittons M. et MME Tapie (mais pas Bernard...)
Je supporte quand même mon blouson pendant une bonne heure.
C’est très agréable de marcher au sec !

Cette étape sera courte (20 kms) c’est presque des vacances, si ce n’était le bitume tout au long du trajet. Heureusement les bas cotés nous offrent une alternative.

Aix sur Vienne : Achat des provisions.
Saint Martin le Vieux : consommation des provisions.

Toujours pas de pluie malgré le ciel qui devient menaçant. Une vilaine couleur noire colore les nuages.
Flavignac : la mairie est encore fermée lorsque nous pénétrons dans le village. Le gîte est là, mais clos !
Il faut avouer qu’il n’est que 13h30.
Nous patientons dans le bar – où ce soir nous viendrons manger – avec une boisson chaude.
Le refuge associatif, composé d’une seule pièce, est correct, mais la cuisine, située dans le même espace que les lits, ne nous engage pas à y faire la popote.
Nous espérons que les deux personnes annoncées auront la même idée.
Sinon, bonjour les odeurs cette nuit !!!

15h50, on toque à la porte.
Ce sont eux.
Chance, nous les connaissons.
Deux Belges (73 et 68 ans) l’un Flamand et l’autre Wallon. Deux amis de toujours. Le Wallon qui en est à son deuxième Chemin, accompagne son copain.
Nous discutons de la situation en Belgique du moment. Ils semblent être très pessimistes sur le devenir de leur pays …
Un peu comme nos amis Mireille et Abel en somme.

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