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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
Liendo / Güemes (32 km) - Bruine et nuages
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Dimanche 6 Juin 2010
Super nuit !
Quatre dans la chambre, mais deux gros ronfleurs.
Même les boules Quiès, ne suffisaient pas.
Il est très tôt quand, sans aucune délicatesse, il faut le dire, nous nous levons et quittons le gîte en espérant ne jamais revoir notre charmant couple de Français un peu trop expansif à notre goût !
Le ciel est bien gris et une fine bruine nous tombe dessus. Il nous faut rejoindre la nationale avant d’arriver à Laredo.
Seul, une petite partie subsistant de l’ancienne ville est agréable à l’œil.
Le paseo maritime, lui, n’est que constructions récentes sur une longueur de quatre kilomètres tout au long du cordon littoral rejoignant l’extrémité du rivage.
Maintenant, nous empruntons un bateau passeur qui, à notre plus grande surprise, accoste sur la plage. En quelques minutes nous traversons la ria de Treto pour accéder à Santoña où nous trouvons de quoi nous restaurer.
Ici recommence l’enfer du bitume !
Dans une circulation dense le long de la route il nous faut marcher dix kilomètres.
Enfin, un peu de verdure quand nous bifurquons vers San Miguel de Meruelo. Il était temps, car j’en avais assez. Je confirme, La Cantabrique n’a rien à voir avec les paysages, l’esthétique et la propreté du pays basque.
C’est peut-être un phénomène lié à l’urbanisation, les campagnes étant plus riantes.
Nous approchons de Güemes, une voiture stoppe à notre hauteur, ce n’est autre que le père Ernesto.
Il nous confirme que nous sommes presque au but.
Dernier raidillon et nous découvrons l’albergue réputée.
L’hospitalière nous invite à partager leur repas de midi avant de nous accompagner jusqu’au dortoir. Les lieux sont réellement à la hauteur de leur réputation.
A vingt heure, les quatorze pèlerins du jour se réunissent autour du Padre Ernesto. Celui-ci nous commente l’étape passée, ainsi que les futures, du point de vue écologique et économique.
L’urbanisation à outrance qui a modifié le paysage ainsi que le tracé du chemin, la déforestation (chênes et châtaigniers d’antan) pour implanter l’eucalyptus envahissant (pate à papier), etc. …
Par la suite, il nous conseille de se servir de notre « GPS intellectuel » pour les étapes suivantes afin de découvrir les richesses de la région.
Soixante minutes plus tard, nous descendons pour partager le copieux repas préparé par les bénévoles.
A 41 ans, il prend une année sabbatique – de vingt trois mois !!! – au cours de laquelle il effectue un voyage constructif à travers le monde, pour enfin mettre sur pied ce lieu qui, au départ n’était pas destiné aux pèlerins, mais qui aujourd’hui est devenu incontournable.
C’est dans la cabana de ses grands-parents qu’il a réalisé cet havre de paix et de tranquillité.
Il est 23h00, chacun rejoint son lit.
PS. Nous avons trouvé trace et photo de Katia (notre première pèlerine de La Coquille en septembre 2009) et dont Ernesto suit les périples.
Cette nuit fut blanche en partie.
La grosse Française est une vraie calamité.
Elle a ronflé toute la nuit.
Malgré mes boules Quiès, j’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil.
Une calamité ! Vous dis-je…
J’ai eu beau secouer fortement le lit gigogne (elle dormait en dessous), cela ne la troublait même pas !
Levés à 5h50, en même temps que son mari, nous avons expédié le rituel matinal pour partir au plus vite.
Dieu fasse qu’elle ne revienne pas croiser notre route.
Il y a des moments où sur le Chemin, on se demande le pourquoi de notre présence.
Nous sortons sous une fine bruine qui disparaît peu après. Nous aurons du bitume sur la totalité du trajet si on excepte la petite traversée du ria de Treto (3’ pour aller à Santoña)
Pour arriver au point d’embarquement, il aura fallu longer la belle plage de Laredo (5,9kms)
A la pointe du même nom, un chemin de bois nous amène sur … une plage.
Interloqués, nous regardons tout autour de nous pour y trouver un embarcadère.
Nous n’en voyons point !
Il est neuf heures, et en face, nous apercevons un petit bateau qui accoste pour prendre en charge une personne.
Puis, l’embarcation se dirige vers nous.
C’est bien ici, pas de doute.
Lorsque le bateau arrive en bord de plage, nous nous avançons vers la passerelle jetée directement sur le sable.
Surprenant !
Moins de cinq minutes plus tard, nous foulons les rues de la ville.
Petit remontant sous forme d’un thé accompagné d’une tortilla pour moi, et café croissant pour la Didou.
Nous repartons.
Depuis quelques jours, elle n’a pas le moral.
Les albergues sur-utilisées, l’accueil pas toujours chaleureux et les grandes villes que nous devons traverser y sont, certainement, pour quelque chose.
De plus elle a un peu mal au genou et sous un pied.
J’arrive à garder mon moral et à rester calme.
Je continue d’apprécier le Chemin et ce qu’il représente.
Et ce malgré les inévitables hauts et les bas rencontrés sur la durée du parcours.
Nous allons faire étape à Güemes.
Chez le père Ernesto, grande figure du Chemin s’il en est !
Son albergue est connue de tous les pèlerins qui se passent l’information.
Nous approchons du village, quand un véhicule ralentit à notre hauteur.
Le conducteur nous demande (en français) si nous allons sur Santander ?
«Non, nous allons à l’albergue «El Cagigal» chez le padre Ernesto»
«Je suis le père Ernesto», nous répond-il !
Il nous rassure en nous informant que son refuge est en permanence ouvert.
Nous traversons le village, c’est l’heure de la sortie de la messe. Une foule de femmes et d’hommes de tous âges et de nombreux enfants se pressent aux portes des restaurants et autres cantina.
Enfin, nous sommes sur place.
Alors là, les bras m’en tombent du corps !
Une très grande maison belle et blanche, avec des salles superbement aménagées nous accueille en même temps que les hospitaliers.
On nous offre à boire et nous sommes invités à partager leur repas.
Nous avions déjà mangé un peu, il y a deux heures, mais devant la soupe fumante et odorante et le plat de tomates aux oignons, nous craquons !
Puis après avoir rempli le registre, nous prenons place dans le dortoir.
Visite de la bibliothèque et découverte des pièces mises à notre disposition.
Avant la cena, le padre réunit tout le monde pour expliquer la création de son albergue, et nous renseigner sur l’économie, l’écologie, et l’urbanisation de sa région.
Güemes / Santander (14 km) - Soleil - Grand bleu
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Lundi 7 Juin 2010
Nous déjeunons sur la grande table face au soleil levant.
C’est avec grand regret que je quitte la « Cabana Cagigal » du padre Ernesto.
Selon la tradition du lieu, Ernesto nous photographie devant la mosaïque de Saint Jacques. Il réserve cette faveur aux pérégrinos souhaitant arriver à Santiago.
Désormais, nous rejoindrons son «trombinoscope» étalé dans la bibliothèque.
Un dernier signe de la main et nous prenons la direction de la Playa de Galizano. Notre guide est provisoirement remisé, car avec lui, c’est plus direct, mais sur l’asphalte.
Notre GPS intellect fonctionne assez bien.
C’est à hauteur de Loredo que nous reprenons le sentier traditionnel, la marche dans le sable n’étant pas aisée avec un sac sur le dos.
A l’entrée de Somo, la signalétique représente un petit bateau surmonté d’une coquille. Effectivement, il est prévu d’embarquer sur une navette pour rallier Santander.
Nous avançons, nous avançons et traversons un pont, quand, horreur, l’embarcadère se trouvait avant l’ouvrage !!!
Trois kilomètres pour rien.
Coup de bol, un arrêt est prévu juste à l’endroit où nous nous rendons compte de notre erreur.
Cinq minutes s’écoulent avant que l’on se retrouve à bord du bateau pour une longue traversée … ¼ d’heure !
A peine débarqués, nous nous précipitons vers l’albergue ouverte, théoriquement, jusqu’à 13h00.
L’information est – une fois de plus – erronée.
Il nous est quand même possible de déposer nos sacs devant la porte située au premier étage du bâtiment.
Délestés, nous cherchons un restaurant et nous nous régalons d’anchois à la plancha.
A l’heure prévue, confiants, nous pénétrons dans notre lieu de repos.
Nous y trouvons un dortoir de taille moyenne, dans lequel sont entassés des rangées de lits superposés. Nous avons à peine l’espace de ranger nos sacs entre les couchages.
De plus, nous n’avons pas le choix de l’emplacement qui nous est imposé par les hospitaliers. Les quatorze pèlerins sont regroupés dans la même partie de la pièce alors que nous aurions pu nous disperser dans l’espace largement suffisant.
Serge est déjà sous la douche et je fais de même.
Grand bien m’en a pris, car le cagibi comprend la douche, le lavabo ainsi que le WC !
Alors là, c’est la goutte (c’est le cas de le dire) qui fait déborder le vase, j’explose.
Je retourne vers mon lit, je maudis l’Espagne et ses habitants qui nous considèrent comme leur bétail.
Scandale dans l’albergue !
Le propriétaire vient et ne comprend pas mon mécontentement. Pour lui, il est tout à fait normal de procéder ainsi.
Je pleure autant de rage que de peine.
Au final, Serge propose l’arrêt de notre périple …
Je me calme, en pensant qu’il serait regrettable de baisser les bras maintenant.
Nous sortons prendre l’air pour échapper à ce lieu sinistre et lugubre.
Toute tempête s’apaise à un moment donné !
Ma sérénité retrouvée, nous décidons de partir en train, demain matin, pour sortir rapidement de Santander, cet enfer.
Il ne reste plus qu’à m’armer de patience pour attendre l’heure du repas et pouvoir, ensuite, réintégrer notre « Parador ».
L’étape que nous avons passée chez le père Ernesto restera – à jamais – gravée dans ma mémoire.
C’est lui qui est présent ce matin pour nous servir le desayuno.
Lorsque, nos sacs sur les épaules, nous nous apprêtons à partir, il tient à nous photographier pour que nous figurions dans ses albums.
C’est en feuilletant l’un deux, que nous avons retrouvé la trace de Katia (jeune Allemande que nous avions accueilli, au refuge de La Coquille, le premier septembre de l’an passé, alors que nous y étions hospitaliers)
Il nous dit espérer nous voir revenir chez lui, mais en tant qu’hospitaliers !!!
Ce serait pour nous un honneur.
A envisager – peut être en 2011 !
Nous le quittons avec regret et nous suivons son conseil : délaisser la routine pour suivre les chemins buissonniers.
Autrement dit, ne pas utiliser notre guide en papier pour se servir de notre tête.
Le conseil est bon, et le panorama splendide.
Il fait beau, l’océan est calme et il n’y a personne sur cette sente qui serpente en longeant le bord des falaises.
Nous arrivons à Loredo.
Au loin, le « paséo maritimo de Somo » où nous devons embarquer pour Santander.
Nous espérons y parvenir avant 13h00, afin de poser nos sacs et visiter la ville. La traversée – la plus importante de toutes - dure trente minutes.
Il est 11h00 lorsque nous empruntons la route qui enjambe le rio. J’imagine que de l’autre côté du long pont, nous devrons encore parcourir une à deux bornes avant de trouver l’embarcadère.
Je me hâte, Edith suit tant bien que mal.
Ouf, nous voici au bout du pont.
Il est 11h30.
Nous ne serons jamais à Santander avant 13h00 !!!
Cela impliquera de se coltiner le barda jusqu’à l’ouverture de l’auberge à 15h30.
Quoi ?
Un embarcadère sur ma droite ???
Alors que je le supposais à plus d’un kilomètre.
On se renseigne …
Nous avons – sans nous en rendre compte – dépassé largement Somo.
Horreur, il nous faut rebrousser chemin pour refaire trois kilomètres à rebours.
Je suis accablé, et Edith en rogne après le mauvais balisage.
Un « hombre » nous explique que là où nous sommes, la navette partant de Somo, fait un arrêt pour prendre et déposer des passagers.
Coup de chance, un bateau est en vue, c’est elle !
Grand ouf de soulagement.
Il est 11h48 lorsque nous montons à bord.
La traversée est calme et dure moins longtemps que prévue …
Nous abordons Santander et nous nous dirigeons rapidement vers l’albergue.
Nous y sommes, elle est fermée !
Aïe, aïe, aïe, l’accablement s’abat de nouveau sur nos épaules.
La porte s’ouvre, une dame en sort.
Ce n’est pas l’hospitalière mais la propriétaire du magasin situé au même étage.
Elle nous autorise à déposer nos sacs devant la porte du refuge.
Promenade, découverte de cette cité et recherche d’un restaurant.
Retour à l’albergue un peu avant l’heure afin de guetter l’arrivée des bénévoles.
Ils sont là !
Mais ils partent se restaurer à leur tour en compagnie de deux jeunes françaises rencontrées la veille ainsi que trois autres pèlerins inconnus.
Il est juste 15h30 lorsque nous entrons dans les lieux. Formalités et installation.
Trente huit places offertes, mais dans une seule pièce, soit dix neuf lits superposés en touche-touche !
Deux douches hyper petites et, dans un autre réduit, un WC avec le lavabo, coté hommes.
Pour les femmes, dans un « placard » leur douche-lavabo-WC !!!
Edith craque.
Cela fait plusieurs jours que je la sens tendue, amère et un peu déprimée (mis à part hier au soir !!!)
Je lui propose de partir de là et de continuer ou de rentrer en France par le premier bus.
Refus catégorique.
Une gentille Espagnole (traductrice de métier) vient la consoler.
Nous sortons en ville pour nous changer les idées et accessoirement nous désaltérer.
Demain, nous reprendrons la route, mais pour sortir de cette grande ville, ce sera en train.
Car bitume + urbanisation + bruit = RLB (ras-le-bol)
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