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A 6h30 Serge me secoue.
Je dormais profondément comme chaque matin.
Vite prêts, nous avalons les napolitains et le jus d’orange achetés la veille.
Nous quittons le couvent de Los Padres Carmelitas (pour moi, sans regret)

Contrairement aux jours précédents, le chemin longe un cours d’eau, ce n’est qu’un peu plus loin que le relief s’accentue.
Nous voici à Bolibar, terre natale des ancêtres de Simon Bolivar, lui-même né à Caracas.
Le village est très beau, mais dépourvu de commerces.
Pourtant, notre guide nous en signalait certains !

Nous continuons jusqu’à Ziortza, où un panonceau annonce la présence d’une albergue-bar.
Nous entrons et nous y trouvons une pèlerine, Australo Suisse, connue sur la voie de Vézelay, Régula.
Je me dirige vers le bar, le patron ne semble pas décidé à nous servir.
Je patiente, mais toujours rien.
Au bout d’un moment, nous décidons de repartir sans avoir consommé.
Je ressors « un peu » énervée contre ces espagnols aussi peu aimables et attentionnés.
La suite du parcours traverse le hameau d’Uriona jalonné de jolies fermes. A plusieurs reprises, nous progressons en dent de scie pour enfin longer à nouveau un petit ru en sous-bois.
Hameau d’Olabe, nous optons pour la variante routière qui nous écourte la distance de deux kilomètres.
Marmiz, et enfin Gernika.

Cette ville, fondée en 1366 par le comte Tello, fut pratiquement détruite en 1937 par un bombardement. Seuls quelques bâtiments d’époques sont encore visibles de nos jours.
Nous sommes logés dans l’Auberge de Jeunesse d’un bon confort.
Nous consacrons l’après midi à la découverte de la ville et de ses monuments. Nous pouvons y admirer une fresque, grandeur nature, de l’œuvre de Picasso.



Nous sommes partis de bonne heure car, il n’existe pas de possibilité pour prendre une collation dans cette ville.
Rien d’ouvert avant 8h00 !
Nous nous en allons avec seulement un croissant et un jus de fruit achetés fort à propos la veille.
Notre départ se fait au bord de la rivière pour ensuite prendre la grand-route.
Ca monte !
Tiens, moins fort que d’ordinaire.
Bon, je passe sur la forêt et ses pins, eucalyptus et autres arbres, sur les chemins défoncés et autres pistes cimentées.
Bolibar !
Terre natale des ancêtres de Simon Bolivar, héros de l’indépendance de plusieurs régions d’Amérique latine. Bien que né à Caracas, le village lui a érigé une stèle et consacré un musée.
Puis nous prenons une antique calzada – encore en très bon état – mais qui monte raide à travers bois. Elle nous achemine, dans les mêmes conditions que les pèlerins médiévaux quelle a vu passer, vers le monastère de Cenazurra-Ziortza.
Cette construction est en fait l’unique bâtisse médiévale de Biscaye fondée au 10ème siècle.
« Le 15 août 965, alors que la population assistait à la messe dans l’ermitage Santa Lucia de Garai, à Gerrikaitz, un aigle s’abattit et saisit un crâne de l’ossuaire. Il s’envola en le tenant dans ses serres et le laissa tomber là où se trouve l’actuelle collégiale. Les paroissiens conclurent de cette scène étonnante que l’ermitage devait être déplacé »
L’aigle tenant un crâne dans ses serres figure sur les armes du monastère.
Le reste du parcours est enchanteur et nous permet de découvrir la beauté du pays basque espagnol.
Gernika.
Ville martyre.
Détruite en grande partie le 26 avril 1937 par un bombardement – un jour de marché – effectué par la légion allemande Condor qui appuyait les troupes du Grand Franco (plus de 2000 morts)
Un mur en céramique reproduisant en dimension réelle l’œuvre de Picasso, témoigne de ce drame.
L’albergue est sympa, propre mais plus onéreuse que prévue.
Bon, il n’y a rien d’autre dans cette ville de moins cher.
On conclut le marché !

Hier au soir nous avons fait (Bernard, Marc et nous) notre tambouille à l’albergue. Le centre commercial « Super Euroski » nous a fourni la matière première pour passer une bonne et tranquille soirée.
Le desayuno est prévu à 7h30.
Nous sommes une quinzaine à patienter en attendant la responsable du matin, qui arrive en retard ...
Normal !
Comme le fait remarquer Oliver, l’Espagne n’est pas à l’heure Suisse !

C’est donc tardivement que nous nous séparons de ces lieux. Nous retraversons la ville pour atteindre le sentier qui … monte.
Aujourd’hui, le soleil illumine le paysage et, de nouveau, nous apercevons, au loin, les montagnes.

Toute la matinée se passe au travers des forêts de résineux et d’eucalyptus qui exhalent un parfum subtil. Nous foulons une route goudronnée à faible circulation pendant quelques kilomètres pour retrouver un sentier qui nous mène à Goikolexea.
Il est presque midi, nous choisissons un banc pour aérer le pain et le chorizo. Plus que trois bornes avant le terme de l’étape du jour ; Lezama.


Marc surgit, alors que nous nous apprêtons à repartir. Nous l’informons de notre décision de poursuivre jusqu’à Bilbao.
De ce fait, je pense que nous ne le reverrons plus ainsi d’ailleurs que Bernard et Oliver.
Eux ayant choisi de gîter ici.

Nous nous éloignons de Lezama et peu après, le balisage diffère complètement des indications portées sur notre guide. Dubitatifs, nous suivons, sans conviction, le fléchage qui nous est proposé.
Il ne reste que sept kilomètres (d’après le tracé du bouquin) mais, ceux que nous parcourons comptent triple au vue du dénivelé.
Je pense que les Jacquets d’antan n’étaient pas stupides au point de grimper, par plaisir, alors qu’existait dans la vallée un passage plus aisé.
L’urbanisation routière à outrance en a, quelque peu, modifié l’aspect.

Bref, tout là-haut nous découvrons, horrifiés, l’agglomération de Bilbao.
Serpent géant d’immeubles !!!

Rude descente sur plusieurs kilomètres pour en atteindre les premiers quartiers.
Cherchant la direction du métro, une dame nous voyant perplexe, propose de nous accompagner jusqu’à lui. Au débouché de la station, nous nous mettons en quête de l’albergue choisie.
Quand enfin nous la trouvons, c’est pour s’entendre dire qu’elle est complète !
Il ne nous reste qu’à faire demi-tour pour nous diriger vers l’autre, tout à fait à l’opposé.
Dans le tumulte et la poussière (travaux) nous atteignons enfin l’immense auberge qui surplombe le rio Nervión et la mégalopole.

Nous sommes fourbus et suants après dix heures de marche.
La visite de Bilbao sera pour une autre fois …


Un peu de brouillard pour quitter Gernika.
Puis après, une dure … devinez quoi ? Montée, bien sur.

Nous sommes un petit groupe (cinq) à être partis. Rapidement les distances se creusent les uns par rapport aux autres. Tom, le jeune anglais de trente ans, nous lâche dans le raidillon. Il va jusqu’à Bilbao. Nous ne devrions plus le revoir.
Nous accentuons notre avance sur Marc et Bernard qui doivent nous rejoindre à Lezama.
Un randonneur Ibère nous dépasse et disparaît à son tour.

En haut, nous retrouvons le soleil sous un grand ciel bleu et découvrons le superbe panorama pour lequel nous avons tant peiné.
Nous sommes entourés d’eucalyptus odorants, c’est bon pour les bronches…

Nous arrivons à Lezama à 13h00.
C’est un peu tôt.
Bilbao n’est qu’à douze kilomètres.
D’accord avec Edith, on poursuit …
Nous perdons donc nos compagnons d’étape.
Liens qui se créent au fil des jours.
Une amitié, ras de terre, qui se partage avec des gens ayant parfois mal aux pieds !

Mais, qu’est ce qui nous a pris de continuer ?
Tout d’abord, nous sommes détournés du chemin indiqué par notre guide.
Ensuite, nous subissons une grimpette (la troisième du jour) longue, raide, et en béton, pour redescendre une route très, très pentue.
Les genoux souffrent.

Bilbao.

Immense agglomération crée en 1300 par Don Diégo Lopez de Haro – seigneur de Biskaia. Les pèlerins ont depuis sa création toujours afflué dans cette ville.
Nous apercevons le musée Guggenheim qui se reflète dans les eaux du rio Nervión. Nous nous dirigeons vers l’albergue Akelarre que l’on nous a recommandée ;
Pour cela nous prenons le métro.
Et oui, le pèlerin moderne vit avec son temps.
Elle est assez difficile à trouver. Et une fois sur place, on nous annonce que c’est complet.
Alors là, un grand coup de fatigue nous assaille.
Nous sommes renvoyés vers l’autre établissement, situé sur la rive opposée, en face de nous, et tout en haut de la colline.
Bilbao étant une ville cernée par des hauteurs.
Il nous faut rebrousser chemin, traverser le fleuve et monter, monter, monter.
Un sympathique monsieur, causant notre langue, nous accompagne jusque devant la porte. Il a fait, presque trois kilomètres, uniquement pour nous rendre service.
Nous le remercions chaleureusement.

Ouf, il reste des places.
Il faut dire que le bâtiment, de sept étages, en consacre cinq aux chambres.
Cent quarante deux personnes peuvent y loger.

Vite une boisson fraîche et une douche…

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