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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
Lugo / San Román de la Retorta (20 km) - Nuages et soleil
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Dimanche 20 Juin 2010
5h40, branle bas de combat, tous sur le pont.
Préparatifs rapides et départ à jeun, la petite « coccina » ne disposant d’aucun ustensile.
Les rues de Lugo sont animées et nous croisons des jeunes poursuivant leur « fiesta », sandwich à la main. Ils nous envoient vers la caverne d’Ali Baba, et nous voici sortant par la porte de Santiago, le casse-croûte jambon-tomates en guise de desayuno !
Le jour se lève à peine, lorsque nous longeons le rio Miño.
J’avais espéré entrevoir les remparts de ce côté, mais de là aussi, ma vision n’englobe que des immeubles.
Dommage !
Nous rattrapons Juan et Franc et décidons de continuer de conserve.
Nous avançons sur une petite route.
Rien de bien extraordinaire à raconter ce jour, mis à part un bref passage dans un beau sous-bois.
En traversant un pueblo, un espoir naît.
Mais, le bar, pré-annoncé par un beau et gros panneau, est … fermé.
Le café chaud et fumant reste un mirage.
Christian rejoint notre groupe.
Nous sommes désormais cinq, et nous arrivons à San Roman.
Taverna fermée et d’albergue point.
Un écriteau agrémenté d’une flèche jaune nous invite à poursuivre.
Huit cent mètres plus loin, nous sommes devant un gîte. Il est à peine 10h30 et l’ouverture est prévue à 13h00.
Question :
Restons-nous ?
Poussons-nous plus loin, jusqu’à Melide, à vingt sept kilomètres ?
Sur les bons conseils de Christian, nous décidons, ensemble, de rester.
Une autre interrogation se pose alors, le ravitaillement : nous n’avons rien.
La taverna dépassée, doit ouvrir vers 11h00. Christian propose de garder les sacs tandis que nous retournons vers cette échoppe.
J’apprécie de pouvoir y avaler un café brûlant et nous y faisons les emplettes nécessaires pour tenir « un siège » jusqu’au lendemain.
Retour au refuge où Marisette et Gérard sont arrivés. Quatre autres personnes se pointent juste avant l’ouverture par l’hospitalier.
Nous avons eu raison d’écouter notre compagnon de route.
Les lieux sont neufs, agréables et la situation en pleine forêt nous changent de la précédente étape.
Comida et cena font l’objet d’un partage des vivres dans une ambiance digne du Camino…
C’est à l’aube que nous quittons l’albergue.
De nombreux jeunes espagnols sont encore dans les rues en buvant force bières et mangeant des bocadillos.
Nous sommes à jeun.
Renseignements pris, il existe une boutique – toujours ouverte – vers laquelle ils nous conduisent…
Et hop, deux sandwichs jambon-tomates-fromage à 6h00 du mat’, un délice !
Nous rejoignons Juan et Franc qui étaient passés devant.
C’est en leur compagnie que nous irons au terme de la matinée.
Je dis matinée, car nous n’avons que dix neuf petits kilomètres à parcourir.
Peu de possibilité existe entre Lugo et Melide pour faire étape, soit quarante sept kms.
Si nous n’avions réservé un hôtel à Melide, pour demain soir, et prévu d’y déguster tous ensemble la spécialité du lieu, nous aurions pu avaler cette distance.
Chemin faisant, le paysage devient de plus en plus celtique ; murets faits de grandes dalles, maisons en granite, horreos.
De superbes chemins creux – des corredoiras – nous emmènent vers notre but.
Ah, j’oubliais de préciser qu’en sortant de Lugo nous avons emprunté la porte de Santiago, ouverte au 18ème siècle dans les fortifications.
Sur le dessus de la porte, dans une niche, un Santiago Matamoros surveille les pèlerins.
Sur les hauts, nous essayons de deviner ou d’entrevoir cette ceinture fortifiée.
Hélas les constructions modernes et laides nous en empêchent.
Rien n’est ouvert dans les pueblos traversés.
Il est vrai que nous sommes Domingo !
Nous voici à San Román.
Point d’albergue privado annoncée, le bar-restaurant-épicerie est encore fermé.
Christian prétend qu’il y en a une autre. Notre guide reste muet sur ce point.
En effet, un panonceau nous indique la direction d’un gîte « temporaire »
Mais il nous faut sortir du hameau.
C‘est reparti !
Plus nous avançons, moins nous apercevons de maison.
Finalement, au bout de huit cents mètres, un petit groupe de toitures, en plus ou moins bon état, émerge de la végétation.
Parmi les maisons en ruine ou inhabitées, nous distinguons une construction de taille modeste, mais rénovée.
C’est bien cela, un homme finit d’en nettoyer les locaux neufs.
Mais il ne nous autorise pas à y pénétrer, les lieux n’ouvrant qu’à 13h00.
Presque trois heures à faire le pied de grue au milieu des bois. Avec nos deux compères espagnols nous envisageons de poursuivre encore sur neuf kilomètres pour trouver une casa-rural hors du chemin.
Christian nous convainc de rester. L’hospitalier nous apprend que le restaurant-épicerie-bar ouvre à 11h00.
Nous voilà repartis tous les quatre, nos sacs sous la surveillance de Christian qui reste sur place.
A l’heure dite, la taverna ouvre ses portes.
Nous nous réchauffons avec boissons chaudes et pâtisseries, puis nous faisons d’amples provisions pour les repas. Chargés, nous reprenons la direction du refuge.
Entre temps, Marisette et Gérard sont arrivés. L’hospitalier nous ouvre peu après.
Nous sommes onze et il ne reste plus qu’une place, deux flamands, rencontrés fréquemment ces derniers jours, mais sans grand échange, repartent en colère.
Tout est super. Ca nous promet une bonne journée et une agréable soirée.
Formidable d’amitié (même si elle est fugace), d’échanges (malgré le barrage de la langue)
Formidable de convivialité avec des personnes d’horizons, de conditions et de pays différents.
Formidable, enfin, de fraternité avec toute la puissance contenue dans ce mot.
Ce sont là des moments inoubliables.
Ils resteront à jamais gravés dans mon cœur et ma mémoire.
Si tous les gars du monde venaient faire le Chemin …. Pourrait dire une certaine chanson !!!
ULTREIA ! Va plus loin ! Ces quelques syllabes résonnent dans mon esprit comme une formidable explosion de bien être.
San Román de la Retorta / Melide (27 km) - Grand bleu
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Lundi 21 Juin 2010
D’un seul chœur, les douze pèlerins que nous sommes se mettent en marche dans la fraîcheur matinale.
Quittant un gîte comme nous aurions aimé en rencontrer davantage.
Assez rapidement les écarts se creusent, mais nous partageons tous la même sérénité du lieu, sur la Via Romana, jusqu’à Ferreira et son pont romain âgé de deux milles ans.
Nous traversons de nombreux hameaux aux belles vieilles maisons de granite sur des chemins éclairés par les genêts et bruyères.
Un souffle d’air frisquet sous un azur cristallin nous rappelle que nous sommes à sept cents mètres, tout en gravissant la dernière crête de la Sierra do Careón.
On dirait que tous les éléments se conjuguent pour nous faire regretter notre Camino Primitivo !
Au loin Melide nous appelle.
Encore dix kilomètres avant de retrouver la foule de pérégrinos plus ou moins authentiques …
Une halte café à Vilouriz, et nous revoici sur le Camino Frances.
Cette fois, c’est sur mes deux pieds (sans ampoule) et mes deux jambes (sans tendinite) que j’entre dans Melide. Ma mémoire est intacte et, c’est sans difficulté que je retourne vers la pension Sony dans laquelle – il y deux ans – nous avions dormi.
Ce soir, retrouvailles de toute l’équipe pour une dégustation à la pulperia Exequiel.
Mis à part Juan et Franc qui restent avec nous, les autres divisent leurs étapes différemment.
Comme espéré, nous avons passé un merveilleux moment autour de plats de «pulpo gallego» et «pimente frito» arrosé bien entendu par du « vino tinto et blanco de Galice »
Autour de la table en notre compagnie ; Christian, Marisette et Gérard (les Français), Juan, Franc, Aranxa et Florian (les Espagnols), Norma (La Péruvienne) et Cesare (l’Italien)
N’étant pas certains de se revoir, nous profitons de chaque instant de la soirée. Et pour célébrer dignement l’été et sa fête de la musique, nous entonnons la chanson des pèlerins méconnue des étrangers avant de se quitter.
La nuit fut bonne, calme et sereine, comme il se doit entre personnes qui se respectent.
La plus âgée a 73 ans et la plus jeune a 18 ans. 55 années séparent ces deux personnes, et pourtant un seul but, une seule idée et une même volonté les habitent.
Nous sommes tous partis dans le même créneau horaire.
Rapidement les écarts se creusent.
Bien sûr, devant, nous trouvons Christian, Franc et Juan, Edith et moi. Le jeune Franc, policier espagnol, qui souffre d’une tendinite, avance trop vite. Nous le lui faisons remarquer !
Il se laisse alors distancer tandis que nous continuons dans notre allure.
La température est un peu juste pour ce premier jour de l’été, mais c’est tant mieux.
Les paysages sont fabuleux et sereins.
L’astre naissant réveille petit à petit une nature encore ensommeillée. Les oiseaux nous régalent de leurs trilles, nos pas résonnent ou font crisser les graviers.
La vie est belle !
Je continue d’éprouver de la mélancolie à l’approche du terme de notre vagabondage. Les derniers instants de solitude - relative – s’effilochent au fur et à mesure de notre avance.
A Melide, le Camino Primitivo rencontrera le Frances et sa foule de pèlerins. Celui qui nous mènera jusqu’à Saint Jacques n’en sera pas moins beau pour autant. Peut-être aurons-nous alors le sentiment de ne plus faire « l’école buissonnière »
Présentement, nos pas nous entraînent dans des chemins creux bordés d’arbres où dans des sentes qui courent à travers la lande hérissée de rochers.
Calme et sérénité sont des mots qui reviennent souvent dans mes propos. Mais ce sont les seuls capables de traduire dans ces lignes le ressenti de l’instant !
Il me revient à l’esprit notre passage en 2008.
Edith souffrait alors de nombreuses ampoules et d’une tendinite à chaque jambe. Elle m’attendait à l’entrée de la ville où elle m’y avait précédé en bus.
Cette fois, point de maux de ce genre, pour le moment. Deux milles kilomètres et des pieds comme neufs.
Un miracle de Saint Jacques ?
Peut-être pas seulement. De bonnes chaussures assurément.
Halte est faite dans une taverna, sise dans un pueblo, pour y tirer du sac un casse-croûte et boire un café.
Midi, nous pénétrons dans les faubourgs de la ville et nous parvenons à être – avant la fermeture – dans l’office de tourisme pour le cachet sur la Créantiale.
Nous ne sommes plus qu’à une centaine de mètres de « l’autoroute à randonneurs »
De très nombreux pèlerins, pèleristes et autres tourigrinos hantent les rues.
Juan et Christian qui n’en sont qu’à leur premier chemin écarquillent les yeux !
Nous même sommes surpris par le nombre de marcheurs et cyclistes …
Cela nous promet deux prochaines étapes animées …
Hôtel Sony, nous retrouvons nos marques.
La double chambre est belle et la vue sur la ville reposante.
Mis à part nos deux compères espagnols, le restant de l’équipe va s’installer dans le palais des congres, transformé pour l’occasion en albergue provisoire (l’autre étant en travaux)
Aïe, aïe, aïe, nous leur souhaitons bon courage et accessoirement bonne nuit !!!
Ce soir nous nous retrouvons, tous, chez Exequiel, célèbre pulperia en bordure du chemin et qui sert le réputé « pulpo gallego » auprès de générations de pèlerins.
La recette : pulpe bouilli assaisonné de pimentón, arrosé d’huile d’olives et servi sur de petits plateaux de bois.
Le tout, accompagné par des vins de Galice blancs et rouges.
Huuummmm, un régal et une bonne fiesta en perspective.
Et, l’Espagne joue ce soir contre l’Uruguay !!!
Ambiance assurée.
La soirée s’est déroulée comme prévue, joyeuse et gaie. Moult bouteilles de vino ont été sacrifiées sur l’autel de la bonne humeur, beaucoup de poulpes également.
Nous avons pu voir passer, juste à côté de nos tables, de grands seaux remplis de ces pauvres bêtes en partance pour le chaudron dans lequel elles allaient être ébouillantées pour le plus grand régal de nos papilles.
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Un film de 5mn pour résumer mon Camino del Norte et Primitivo fait en 2011 Le récit complet sur http://papypikcaminodelnorte.unblog.fr
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