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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra |
Campiello/Pola de Allende/Berducedo/La Mesa/Grandas de Salime (40 km à pied) - Pluie et brouillard
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Mercredi 16 Juin 2010
Toute la nuit, la pluie …
Et ce matin, la pluie …
Nous sommes secs et propres, mais à quoi bon ???
En un instant, nous nous retrouvons dans le même état que la veille en arrivant !
Malgré les «muy, muy peligros» d’Herminia et de son mari, nous décidons d’emprunter le chemin des Hospitales (réputé sublime)
C’était sans compter sur l’absence d’indications !!!
Hameau de la Mortera (trois habitations) ; aucun fléchage.
Nous arrêtons une voiture et, de nouveau, nous entendons «muy, muy peligros» de vouloir passer par là !
Bien …
De toute façon, là où nous sommes, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre sur la «carretera» qui n’est qu’un vaste chantier bourbeux jusqu’à Pola de Allende.
Même pour nous, piétons, le brouillard et la pluie réduisent la visibilité.
Nous avons à franchir deux cols : Porciles et Alto de Lavatoira avant de descendre sur Pola. Nous frisons le palais de Cienfuegos, construit au 16ème siècle qui coiffe un éperon rocheux.
Serge tire un peu la jambe mais décide de rejoindre Berducedo, dix sept kilomètres plus loin. C’est toujours dans un épais brouillard que nous passons le Puerto del Palo (1140m).
A Berducedo, nous rechargeons les machines avant de nous diriger vers l’hébergement.
Oups !!!
Une odeur de fauves et des lieux dans un état pitoyable nous font faire volte face.
Direction La Mesa en cheminant sur une route défoncée et en travaux et dans une vraie purée de poix.
Nous pénétrons dans l’ancienne école transformée en refuge.
Horreur …
Pire que l’autre !!!
Les murs sont moisis jusqu’au plafond.
Notre guide nous indique une solution de repli. Une casa rural dans ce hameau … mais cerado depuis longtemps !!!
Désemparés, épuisés, mouillés, nous frappons à la première porte venue.
« Auriez-vous une chambre à louer ? »
NON !
« Vous avez une auto, pouvez-vous nous descendre à Grandas ? »
NON !
« Nous vous dédommagerons pour la course ! »
OUI !!!
Quinze kilomètres plus loin et trente euros en moins, nous descendons devant l’albergue municipale.
Jamais deux sans trois.
Même constat désolant.
C’est à croire qu’ils le font exprès.
Ultime solution, un hôtel.
La Maison Labarra, s’avère être un établissement correct.
Nous sommes heureux de nous retrouver au sec, dans une chambre chaude et confortable et reçus – en français - par un patron agréable.
Il n’y a pas à dire, mais ça fait du bien d’être au propre …
Huitième jour de pluie.
Nous partons secs, mais quelques centaines de mètres plus loin, nous sommes trempés.
Nous décidons de suivre la route jusqu’à La Mortera où nous devrions trouver le balisage du Camino de Hospitales.
« Au moyen âge, avant la fondation de Pola de Allende (12ème) les pèlerins ne descendaient pas jusqu’au rio Nisón en raison de dénivelés importants. Ils partaient par les chemins de crête et franchissaient la Sierra de Ablaniego, puis rejoignaient le Primitivo à Montefurado, après le col del Palo. »
Soit une quinzaine de kilomètres en haute montagne sans village ni service.
On nous a recommandé de veiller à ne pas perdre de vue les balises car le chemin est à peine visible dans l’herbe, où de nombreuses sentes d’animaux y sont présentes. De plus, en ces jours de mauvais temps, il paraît dangereux de s’y aventurer !
Tant pis, car ce passage nous évitera, outre des kilomètres en moins, les dénivelés importants qui se succèdent en suivant la route.
Mais, c’est sans compter avec les inévitables chantiers et travaux de ce pays.
De partout, on terrasse, on creuse, on casse, on déboise …
Bien évidemment, ces opérations se font sur le tracé ancestral du Chemin, en le martyrisant.
Pourtant, le pays, les villes et villages traversés affichent orgueilleusement : … classé itinéraire culturel Européen !!!
Nous sommes en plein brouillard.
Avant La Mortera, nous dépassons, sans le voir, le départ convoité.
Lorsque l’on s’en aperçoit, il est bien trop tard pour rebrousser chemin. Nous passerons donc par Pola et ses dénivellations.
Arrivés dans le bourg, il pleut toujours.
Le plus dur restant à venir, nous nous enquérons d’un bus pouvant nous conduire à Berducedo. Nous n’avions pas prévu d’accomplir – par ce temps de chien – une telle distance.
Pas de bus, nous continuons, malgré une douleur dans ma cuisse droite (souvenir de ma descente rugueuse dans un escalier en janvier !!!)
Dix sept kilomètres plus loin, nous allons, au chaud, consommer du chorizo, puis, partons découvrir l’albergue.
Elle offre douze places, dont huit sont déjà occupées.
Il règne une atmosphère de Hyène dans ce petit espace.
Nous décidons de poursuivre sur La Mesa malgré la pluie et la brume épaisse qui ne permettent toujours pas une vision à plus de cent mètres.
La Mesa (quatre maisons)
Notre livre nous indique la présence d’une albergue dans les anciennes écoles (14 places) et une Casa Rural privée.
Nous allons visionner l’albergue.
Une horreur. Une puanteur humide nous agresse dès la porte entrouverte.
Les murs – autrefois blancs – sont noirs de moisissures. Les matelas et oreillers, qui ont dû être lavés jadis, sentent le moisi.
Le coin cuisine est quant à lui réduit à sa plus simple expression. Seuls le sol et les toilettes sont acceptables.
Nous ressortons rapidement pour nous diriger vers l’autre option.
Déception, la personne nous indique ne plus louer de chambre depuis longtemps.
Merci Jean-Yves Grégoire (auteur du guide)
L’abattement me fait plier les épaules et alourdir mon sac.
Que faire ?
Avancer encore sur quinze kilomètres sous la pluie et dans la boue ?
Retourner à Berducedo dans un lieu qui sent le bouc et qui risque de s’être complété ?
Nous décidons d’avancer !
Arrivés à hauteur de la dernière des quatre habitations, nous sollicitons une chambre.
NON !
«Bon, pouvez-vous nous descendre à Grandas avec votre auto ?»
NON !
«On vous dédommagera»
C’est d’accord, pour trente euros !
Le kilomètre de voiture est cher … (15km / 30€)
La descente vers le barrage qui a englouti un village est superbe, car nous sortons, enfin, de la purée de poix.
Nous découvrons le magnifique panorama, dont, cette météo pourrie nous a privés.
Grandas de Salime.
L’albergue municipale n’est guère mieux que celle d’où l’on vient.
Nous nous rabattons sur une pension qui, paraît-il est correcte.
Complète !
Le désespoir commence à m’envahir.
En dernier ressort, un hôtel, très propre et soigné nous reçoit.
Cette partie du chemin n’est pas celle que j’avais imaginée. Le Camino Primitivo est certainement le plus parcours Jacquaire en Espagne. Mais, les caprices du temps en ont décidé autrement.
Les chantiers, qui s’y succèdent, accentuent cette impression.
C’est fort regrettable, car j’attendais avec impatience ce passage.
Néanmoins, notre combativité reste intacte !
Grandas de Salime / A Fonsagrada (29 km) - Nuages - Soleil
Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE
Jeudi 17 Juin 2010
En ouvrant les volets, je constate que le sol est sec.
Miracle, nous partons sans notre équipement de scaphandrier.
Je suis heureuse de pouvoir fouler des sentiers, herbus et parfois empierrés.
Malgré tout, les souliers ne restent pas longtemps secs. Certains passages conservent la mémoire de l’humidité des jours précédents.
Evidemment, j’ai encore une bonne raison de râler.
De plus, nous ratons un repère qui nous occasionne un aller-retour inutile dans un vrai marécage !
Ma sérénité revient dès que nous retrouvons le vrai chemin qui nous dévoile ses trésors.
Au loin des crêtes enneigées se devinent.
Nous délaissons les Asturies pour pénétrer dans la dernière région ; la Galice, après avoir perdu quelques gouttes de sueur dans l’ascension de l’Alto de Acebo (1040m)
La descente s’amorce doucement, sur un large chemin caillouteux, dans un paysage de landes où bruyères et genêts s’épanouissent, avec en fond d’écran, A Fonsagrada.
Seul bémol au décor, une barrière d’éoliennes se dresse sur toutes les crêtes !
Serge pensait faire la halte de midi à Fonfria, mais, à part trois ruines, il n’y a rien !
C’est un peu plus loin, qu’un tas de poteaux nous sert de sièges pour déguster notre saucisson.
L’azur, que l’on croyait disparu, nous accompagne jusqu’à A Fonsagrada, terme de la journée. Notre première priorité est de prendre possession de la chambre, de la pension Mañolo.
Chambre qui dispose d’une incomparable vue sur les montagnes Galiciennes.
Par la suite, la visite des lieux s’impose et inspire Serge qui s’installe pour croquer la « fons sacrata » (fontaine sacrée, origine du nom de la ville)
« Santiago, aurait fait jaillir du lait de cette source afin de nourrir les enfants d’une pauvre veuve qui l’avait reçu avec beaucoup d’hospitalité »
Voici deux mois que nous sommes partis !
C’est avec des coins de ciel bleu que nous avons quitté la pension et Grandas de Salime.
Soulagement de pouvoir lever la tête, la tourner pour admirer les alentours et progresser sans être de facto trempés.
Cette nouvelle étape montagneuse se stabilise et évolue entre 900 et 1040 m d’altitude.
L’air est vif, mais au loin, un barrière bleue se laisse deviner et s’avance lentement vers nous.
Aujourd’hui, nous quittons les Asturies et pénétrons en Galice, confins des terres de l’Europe que nous connaissons un peu à travers notre précédent chemin.
Direction A Fonsagrada, gros bourg tout blanc, connu pour ses foires aux bestiaux. Mais avant, il nous faudra franchir le col del Acebo (1040m) avec quelques rudes grimpettes à la clé.
Nous savourons littéralement ces petits chemins, même boueux, voire inondés par endroits. Toute la beauté qui nous entoure me fait regretter encore davantage les précédentes étapes où nous devions avancer tête basse.
Oui, ce matin est un jour de joie, même après avoir parcouru deux kilomètres pour rien !
En effet, j’ai loupé une borne jacquaire, pourtant signalée dans le livre, dans le petit sentier herbu. Il nous a fallu revenir sur nos pas, nous obligeant à patauger deux fois de suite dans la même fange.
Au loin, nous apercevons la chaîne des montagnes dont certaines sont encore couvertes de neige.
Fonfria : toponyme hérité du moyen âge qui signifie ; eau froide.
Quatre maisons se courent après. Mis à part quelques chats, pas âme qui vive !
Devant nous, s’étire un groupe important de pèlerins.
Un à un, nous les dépassons.
Marchons-nous si rapidement que cela ?
Une toute petite plaque commémorative nous informe que nous pénétrons en Galice (photo quand même).
A partir de ce point, nous suivons des bornes marquées d’une coquille stylisée dont le sens est inversé par rapport à celles rencontrées dans les autres régions. En sus, y figure – au mètre près – la distance restant à parcourir pour arriver à Santiago.
Midi, des poteaux de bois en attente d’être dressés, nous servent de banc pour le pique-nique sous un astre resplendissant.
La température n’est, pour l’instant, pas encore à la hauteur de la saison, mais il est vrai que nous évoluons à 950 m d’altitude.
Tout va bien …
On repart, et, toujours personne derrière nous.
Pas de nouvelles des marcheurs que nous avons laissés peu avant notre entrée en Galice.
Nous cheminons tantôt sous des pins ou chênes, tantôt dans la lande où genêts et bruyères laissent éclater leur couleur.
Le soleil réchauffe nos cœurs et exacerbe les senteurs des pins, de la terre humide et des fleurs.
A Fonsagrada est en vue, droit devant, perchée sur une hauteur. Une barre d’immeuble, pas très esthétique, semble être suspendue au dessus du vide.
Nous y sommes.
Nous cherchons la calle Buron.
Un homme s’avance dans notre direction.
«¿ Donde esta la calle Buron ? Por favor »
Aqui esta ! Nous répond-t-il …
La pension Mañolo est devant nous.
Il est 14h15 …
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Un film de 5mn pour résumer mon Camino del Norte et Primitivo fait en 2011 Le récit complet sur http://papypikcaminodelnorte.unblog.fr
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