Destination Terre > Asie > Inde
Jantar Mantar, Jaipur |
Le Jantar Mantar de Jaipur est un site d'observation astronomique construit au début du XVIIIe siècle. Il comprend un ensemble d'une vingtaine d'instruments fixes. Edifiés en maçonnerie, ce sont des exemplaires monumentaux d'instruments connus mais souvent aux caractéristiques particulières. Destinés à des observations d'astronomie à l'œil nu, ils comportent plusieurs innovations architecturales et instrumentales. C'est l'ensemble le plus significatif, le plus complet et le mieux conservé des observatoires anciens de l'Inde. Il exprime les compétences astronomiques et les conceptions cosmologiques acquises dans l'entourage d'un prince savant à la fin de l'époque moghole.
Ce site culturel est classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO depuis 2010.
Histoire du site
Au début du XVIIIe siècle, le maharadja Sawai Jai Singh II dirige un état princier largement autonome au sein d'un Empire moghol affaibli et entré en décadence. Ses états sont dans la province actuelle du Rajasthan. En lutte contre l'Empire marathe, il affirme son pouvoir par la création d'une capitale de rang royal, Jaipur. Jai Singh II apparaît en prince éclairé, passionné d'architecture, d'urbanisme, d'astronomie et de mathématiques. Il reprend les grandes traditions d'astronomie d'observation, notamment islamique et d'Asie centrale, tout en étant ouvert aux influences européennes.
La création de l'observatoire du Jantar Mantar accompagne étroitement le projet de la nouvelle capitale, à la fin des années 1720. En 1734, deux savants jésuites français déterminent avec précision la latitude et la longitude de Jaipur. La construction suit un plan rationnel, à proximité du palais royal et au coeur de la ville, sur un site parfaitement plat et clôturé. Elle semble culminer dans les années 1734-1735, où pas moins de 23 astronomes participent au chantier en compagnie des maçons, des graveurs, etc. L'activité scientifique débute parallèlement. Les travaux de construction se poursuivent jusqu'en 1738.
L'ensemble monumental du Jantar Mantar de Jaipur reproduit de nombreux instruments déjà existants dans les cultures arabo-musulmanes, perses et occidentales : grands cadrans solaires, cercles ou sections de cercles, astrolabes, etc., en leur donnant de très grandes dimensions afin de rendre maximales leurs performances d'observation. Plusieurs innovations, pour le moins des originalités instrumentales et architecturales, sont à porter au crédit de Jai Singh II et de ses astronomes : l'architecture combinée du cadran solaire géant de Brihat Samrat Yantra et des chambres noires de Sasthamsa Yantra, le vaste cadran solaire du Jai Prakash Yantra en deux parties hémisphériques complémentaires, l'ensemble des douze instruments de Rasivalaya Yantra consacré aux douze signes du zodiaque, le dispositif très ingénieux en deux hémisphères décalées de Kapala Yantra.
Le maharadja mobilise en permanence une vingtaine d'astronomes pour effectuer une observation systématique du ciel et les calculs associés. Sur un plan scientifique, c'est un programme d'astronomie de position, dans le cadre de la cosmologie ptoléméenne, par le suivi des astres et la mise à jour des tables, par la prévision des éclipses et des événements célestes, par l'établissement et le contrôle du temps local (heure du Rajasthan) et du calendrier.
L'heure locale et la coutume de la diffuser auprès des habitants de Jaipur s'est longtemps maintenue, à partir de l'observatoire, par des roulements de tambour ou par des coups de canon. De tels rites sociaux et politiques sont possibles par la position centrale de l'observatoire au sein de la ville et à proximité du palais royal.
Par ses résultats, l'observatoire participe également à la prédiction des vents, des pluies et à l'annonce de la mousson. Il a un rôle de prédictions astrologiques tant pour la société dans son ensemble que pour les individus. Il alimente de ses résultats la rédaction d'almanachs, jusqu'à une période récente. L'observatoire est un symbole actif et une preuve quotidienne de l'exercice du pouvoir royal du maharadja Jai Singh II, qui décède en 1743.
Plus largement, l'observatoire de Jaipur apporte une contribution majeure pour compléter les tables astronomiques de Zij, issues de la science islamique. Ces résultats ont eu un rôle important dans le développement de l'astronomie en Inde et de sa diffusion dans la société hindoue. Ils sont d'autre part inscrits dans le double contexte d'une pratique rationnelle de l'astronomie et d'une importance sociale de l'astrologie.
L'entretien de l'observatoire est effectué en 1771 ; différents instruments sont réparés. Il semble que ce soit déjà la seconde intervention de ce type. Toutefois, vers 1800, l'activité astronomique est abandonnée et le bien voisine alors une fonderie de canons qui l'utilise comme annexe. Un puits est creusé et un four métallurgique est installé en limite immédiate du Grand Samrat Yantra. Dans la partie ouest, deux instruments monumentaux sont détruits au profit de l'extension d'un temple.
Une première campagne de restauration d'importance intervient durant le règne du maharadja Ram Singh II ; elle se termine en 1876. De nombreux instruments sont remis en état. Laghu Samrat Yantra prend son apparence actuelle ; Dakshinottara Bhitti Yantra est déplacé en raison du passage d'une route. Ponctuellement, de petits changements interviennent sur les monuments : des éléments en stuc sont remplacés par du marbre, des graduations en plomb sont enlevées au profit d'autres marquages. Toutefois, à la mort du maharadja (1880), l'observatoire est à nouveau abandonné.
Durant la présence britannique, l'ingénieur militaire en poste à Jaipur, A.H. Garret, entreprend une campagne de restauration, en 1901-1902. Les instruments sont complètement restaurés, voire pour certains en partie reconstruits compte tenu de leur délabrement. Les dimensions linéaires ou angulaires changent parfois un peu, comme pour le positionnement de certains éléments de l'ensemble Rasivalaya Yantra. La tendance à remplacer les surfaces graduées en mortier de chaux par du marbre s'amplifie, elle sera continuée lors des restaurations suivantes (1945). Des escaliers sont ajoutés ou prolongés ; les accès en sous-sol sont renforcés par des murs de soutènement au Jai Prakash Yantra.
À l'indépendance de l'Inde (1947) l'observatoire passe sous la responsabilité de l'État du Rajasthan, et il devient un monument protégé au titre des Monuments et Antiquités. Les interventions effectuées pendant cette période concernent surtout la réfection des enduits rouges et des opérations de pavement aux abords des monuments. Les limites du site sont redéfinies et protégées, les abords requalifiés ; une exploitation touristique se met en place.
Sélection photos
Sélection vidéos
Agrandir la vidéo
Chandigarh, rêve du Corbusier et ville modèle de l’Inde
Plus de 50 ans après le décès de l'architecte franco-suisse Le Corbusier, son héritage urbain reste très présent dans la ville expérimentale [Suite...]
Agrandir la vidéo
Bénarès, un raccourci vers le moksha
A Bénarès, sur les rives du Gange, les hindous incinèrent leurs défunts puis les laissent dériver le long du fleuve sacré. Découvrez pourquoi [Suite...]
Sélection de la médiathèque
Des trains pas comme les autres
Le sud-ouest de l’Inde est traversé par le train Konkan qui longe la côte en direction de l’état du Kerala. C’est à bord de ce célèbre train que Philippe Gougler a choisi de nous emmener. Partant de Mumbai, ville la plus peuplée du pays, il se rend à Cochin et découvre une ville chargée d’histoire où le commerce des épices est florissant. Après un cours d’art martial traditionnel, le Kalaripayat, [En savoir plus...]
Histoire
Au terme du premier grand empire de son histoire – celui des Maurya (fin IV&esup siècle-début IIe siècle av. J.-C.) –, l'Inde connaît, du Ier au IIIe siècle de notre ère, les puissants pouvoirs des Kushâna, au nord, et des Sâtavâhana, au sud. Mais c'est l'époque des empereurs gupta, du IVe au VIe siècle, qui marque l'apogée de la civilisation indienne classique. Amina Okada et Thierry Zéphir nous [En savoir plus...]
Bibliothèque du voyageur
Histoire et société Terre métissée, héritière d'un brassage de peuples conquérants, marchands, mercenaires, colonisateurs ; terre de contrastes, légataire d'un relief et d'un climat d'une incroyable diversité ; terre de paradoxes, judicieuse conciliatrice entre traditions ancestrales et hautes technologies ; terre savoureuse, délicatement inventive dans l'alliance des parfums et des épices... l'Inde [En savoir plus...]
Voir aussi
Nos différentes cartes de l'Inde à explorer: carte physique, carte routière, vue satellite. Pour tout savoir sur la géographie de l'Inde.
Consultez nos conseils et infos pratiques avant de partir en Inde: monnaie, météo, climat, électricité, santé, sécurité, décalage horaire, etc.
L'espace blogs permet à chacun de publier en temps réel ses notes de voyage en Inde: idées sorties, idées de lecture, actualités de l'Inde, ...
Découvrez les galeries de photos de l'Inde publiées par les membres du club. Tout le monde peut participer !
Notre sélection de vidéos pour enrichir votre connaissance de l'Inde sur tous vos écrans.
Réservez votre voyage en Inde et trouvez le meilleur prix: séjours, circuits, vols, hôtels, guides, ...