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Communauté du Niger
C'était une incroyable machine échappée de je ne sais quel stock américain : la selle était atypique: longue, pailletée , rembourrée ,relevée à l'arrière et surmontée d'un petit arceau chromé . Le guidon, profond, etait évasé comme sur les shoppers.
Dans les rayons j'avais coincé une carte représentant un joueur de foot. Dans sa première vie elle avait accompagné un chewing-gum rectangulaire, trés plat et trés sec , le tout rangé dans un petit sachet de couleur qu'on achetait généralement à l'unité chez les "tabliers".
C'était probablement une chance que d'avoir ce vélo mais à vrai dire j'étais une enfant timorée , peu sportive et la seule satisfaction qu'il m'apportait était de me faire me sentir un peu semblable aux autres.
Un jour que nous jouions tous sur "notre" place,nous remarquâmes un petit groupe de gamins excités duquel jaillissaient quelques exclamations de joie sauvage.Nous nous approchâmes ,curieux de voir ce qui suscitait cette agitation et nous vîmes , au sol, bien mal en point, un petit perroquet gros comme une grosse pomme granny smith,d' un beau vert acide que l'on devinait malgré la poussière qui le recouvrait.
Je torturais volontiers les fourmis, les lézards et les limaces de france, mais les oiseaux, où je les observais, où je les chassais proprement pour les manger souvent; question de curiosité gustative. De voir cette bête, au milieu du cercle des enfants cruels, affaiblie, douloureuse, apeurée ... m'a fait éprouver pour la première fois, de manière irrépressible, violente presque, un énorme sentiment d'injustice.
-"Laissez-le, laissez-le, prenez le vélo!!"
Grand silence. Petits noirs, petits blancs, tous ont les yeux ronds de surprise et d'incrédulité.
-"Ce perroquet, i' vaut pas un vélo!"
C'est juste.
-"Tes parents i s'ront d'accord?!"
Mince, les parents ...Il sont raison les copains et en plus il ne faudrait pas qu'on accuse les gamins de me l'avoir volé mon vélo.Il faut que je me dépêche parce que depuis mon annonce tonitruante ils se passent l'animal de mains en mains, que dis-je ils se le passent, ils se l'arrachent !!
L'accord décroché à la volée, je récupère le volatile, non sans difficultés car on ne sait pas qui prend déjà le vélo et qui tient encore l'oiseau ,
mes copains sont largement dubitatifs et les gamins franchement ravis de cette aubaine.
M'en fous, c'est mon premier animal, je l'ai sauvé, il est à moi, rien qu'à moi.
Je l'ai nettoyé, nourri et abreuvé, puis, comme nous n'avions rien pour le loger, nous lui avons noué un grand lien à la patte et de lui même il a élu domicile dans les plants de tomates, un heureux choix.
Tous les matins, avant de partir à l'école, je lui portais les soins que l'on doit à un animal de compagnie et je lui parlais dans l'espoir qu'un jour... On m'avait pourtant déjà prévenue que ce genre de petit perroquet ça ne parle pas. Je tentais également ,au tout début, de le caresser, mais il suivait attentivement le parcours prudent effectué par ma main de son petit oeil noir et il s'applatissait en tournant sa tête à l'envers pour me pincer ou alors il sifflait sa colère et lançait son petit bec crochu en avant dans le but ...de me pincer toujours et encore!....Pour l'attraper, il fallait au minimum s'envelopper la main dans un torchon; quelle déception, quelle amertume, quelle trahison!!
Désormais, Koko avait une grande cage cylindrique agrémentée de divers perchoirs, je le nourrissais et le gratifiais tous les matins de la même invective:"Koko, t'es rien qu'un imbécile!", il avait l'air de s'en fiche, mais ça me faisait du bien de le lui dire.Parfois il me faisait tout de même un peu de peine, je comprenais qu'il avait trop souffert, qu'il détestait les humains et qu'il était perdu pour mon affection à jamais.
Un jour que nous étions à table, mes parents et moi, nous entendîmes des caquètements propres aux poules en train de pondre, ma mère me demanda donc d'aller chercher les oeufs avant qu'ils ne soient dévorés ( elles bouffent tout les poules en afrique, le sol du poulailler était constellé de cadavres de bengalis et ça me dégoutait terriblement) mais ça tombait mal parce que j'avais grande faim et que c'était bon.
Il s'était avéré que la seule chose dont koko ait été capable vocalement c'était précisémént d'imiter la poule qui pond et je soupçonnait fortement que c'était là encore un de ses mauvais tour... Mais enfin, On insista de telle sorte qu'il n'y avait pas matière à répliquer.
Dans mon fort intérieur je maudissais ce satané volatile et pressée de me débarasser de cette...répugnante corvée je me précipitais en trombe à l'extérieur.
Le choc fut étrange parce que sourd.Cette chose que j'avais percutée de plein fouet était chaude , pas trop dure mais excessivement poussiéreuse et j'en avais plein les yeux, la bouche, je suffoquais , je n'y voyais rien...L'étourdissement passé, la poussière retombée, je vis face à moi dans une posture comique, comme dans les dessins animés, un immense oiseau gris anthracite assis sur son ..."derrière", ses deux grandes ailes de chaque côté du corps,les pattes itou et surtout ce long long bec pointu!
Il redresse la tête l'air un peu groggy et quand il m'aperçoit enfin, me fixe avec stupeur, sursaute et s'envole ,au moment ou le cri sort enfin de ma bouche démesurément ouverte, en un grand mouvement bruyant,
confus , me heurtant presque de nouveau mais faisant tout son possible afin que cela n'advienne pas.
Mes parents accoururent en m'entendant crier et aprés leur avoir narré ma mésaventure, en conclurent que j'étais le premier cas recensé de collision avec un marabout , ça les a amusé un certain temps.
J'en voulais terriblement à Koko que je soupçonnais d'être à l'origine de cette fameuse mais fâcheuse imitation qui m'avait précipitée dehors contre le marabout et aprés l'avoir habituellement nourri, je lui sifflais, à mon tour de toute la force de ma colère enfantine:"Koko t'es qu'un con!!"
Le lendemain, il gisait raide mort au fond de sa cage.
J'ai compris précisémént à ce moment là que les mots sont assassins et qu'il faut se méfier de ce que l'on dit en Afrique et surtout de comment on le dit parce que même les perroquets peuvent en mourir.
Koko et le marabout
En tout ca ça me rappelle également des souvenirs agadéziens de vélos, d'oiseaux sauvages et de poulailler !
C'est bien sûr une histoire vraie, mais elle est poudrée d'or comme tous les souvenirs d'enfance...
l'enfant qui sommeille en nous!
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