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Insécurité au Nord et déclarations politiques
Written by Yahaya Garba (Roue de l’Histoire n° 351 du 9 Mai 2007)
Wednesday, 09 May 2007
Beaucoup d’observateurs se demandent sur la portée réelle de la série des déclarations qui perturbent ces derniers temps le programme de la télévision nationale. En effet, un à un, les chefs lieux des régions et de département se relayent sur le plateau de la télévision nationale pour faire chacun sa déclaration sur le problème d’insécurité qui secoue le nord du pays en attendant que les communes, les villages et les quartiers s’y mêlent certainement un jour. On entend invariablement les mêmes termes dans ces déclarations et tout tourne autour de la prouesse du Président de la République et du premier ministre dans le retour et le maintien de la paix et à la fin, un soutien ferme à leur endroit pour qu’ils continuent leurs actions salvatrices pour la consolidation de cette paix dans notre pays. On a l’impression que nos différents gouverneurs et préfets se sont sentis subitement dans l’obligation de faire chacun cet hommage aux premiers responsables du pays, à l’actif desquels, il faut mettre tous les mérites du processus du retour à la paix dans notre pays, depuis le temps de sa première rébellion.

Ce qui ressemble ni plus ni moins, aux yeux de l’opinion à des calculs politiciens, car en s’affichant à la télévision nationale ou sur un média quelconque pour faire les éloges du régime, les différents responsables locaux, pensent s’offrir la sympathie de leurs supérieurs hiérarchiques en vue d’une éventuelle promotion. Mais au-delà tout, il faut se demander sur l’impact réel de ce ballet de déclarations, qui obéissent simplement à un réflexe d’imitation et de dessein prébendier, où on ne sent aucune analyse sérieuse qui prend en compte la réalité des évènements sur le terrain, en appréciant par exemple, la capacité du Mouvement Nigérien pour la justice (MNJ) à faire mal, ou même en évaluant les dégâts déjà posés par ce mouvement pour faire des propositions adéquates et sans complaisance des solutions de sortie de crise. Et le plus grave dans cette situation, c’est qu’il ne manquera pas, de ces gouverneurs ou préfets, qui trouveront à travers ces déclarations des occasions de se faire plein les poches en saignant les budgets de leurs collectivité au moyen des fausses factures ou des faux marchés. Soit ! En apparence, il ne s’agit pas seulement du problème de nos entités régionales et sous régionales, même au niveau central, le gouvernement nigérien semble mal s’y prendre dans la gestion de ce conflit, en voulant radicaliser sa position, et présenter le MNJ comme un groupe de bandits qui ne mérite aucun égard. Rébellion ou bandits armés, qu’importe ! Les faits sont là têtus. Il y a une insécurité ambiante dans cette partie du pays. Au stade actuel, beaucoup de familles en ont fait déjà les frais et la population vit dans une psychose permanente, ce qui ne manquera pas d’affecter les activités socioéconomiques de cette région, dans le sens de son ralitissement. Par ailleurs, au regard des actes, inquiétants posés par le MNJ et les différentes armes qui ont été saisies avec ce mouvement, à l’occasion des poursuites organisées par l’armée, les autorités nigériennes ont du, en principe, se faire une idée du risque que court notre pays, en cas d’un traitement inadéquat de cette question d’insécurité. S’il faut ajouter aussi, les cas de trafic de drogues qu’on signale régulièrement dans cette région, on comprend combien, il est urgent d’appeler l’ensemble des citoyens à s’investir pour le règlement de ce problème. Pour l’heure, les interventions du ministre de la Défense et de la Sécurité M. Souley Hassan Bonto à l’occasion de son interpellation à l’Assemblée Nationale et du ministre porte parole du gouvernement Ben Omar sur une radio étrangère, laissent comprendre que le gouvernement nigérien n’est pas dans la logique de négocier pour l’instant avec le MNJ. Toutefois, on peut se féliciter de la démarche engagée du côté de la présidence de la république qui consiste à rencontrer certaines couches sociales en vue de la recherche d’une solution à la crise. Tour à tour, le président Tandja s’est entretenu récemment avec les députés de la majorité parlementaire, et le chef de file de l’opposition politique M. Mahamadou Issoufou autour de cette question.