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Document : Communiqué de Temoust
dimanche 8 juin 2003, par temoust



CP TMST 595

7 Mai 1995

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Mai 1990 - Mai 1995

IL Y A 5 ANS LES MASSACRES DE TCHIN-TABARADEN
Le massacre de plus d’un millier de civils touaregs par l’armée gouvernementale nigérienne, en mai et juin 1990 à Tchin-Tabaraden, a été le point culminant de l’acharnement des autorités de ce pays contre une communauté déjà affaiblie par une succession de sécheresses qui ont décimé la presque totalité de son cheptel.

A ce jour, aucune procédure judiciaire n’a été engagée contre les instigateurs de cette tuerie. L’État nigérien, couvert en cela par le silence et la bienveillance de "la communauté internationale", continue de refuser toute idée d’une commission d’enquête sur ces événements. Alors que les principaux responsables politiques et militaires de cette barbarie occupent les plus hautes fonctions dans ce pays, il se trouve des esprits cyniques pour proposer qu’on oublie purement et simplement les victimes qui ont été sauvagement assassinées uniquement à cause de leur appartenance à la communauté touarègue.

Au moment où le souvenir d’autres barbaries est commémoré pour que l’humanité n’oublie pas, le peuple touareg est en droit d’espérer que la justice lui soit rendue et sa dignité respectée.

Survie Touarègue-TEMOUST condamne fermement toute manoeuvre visant à amnistier les criminels, et dénonce les marchandages actuels consistant pour le gouvernement nigérien à acheter le silence de certains Touaregs et tourner ainsi la page à moindres frais.

Survie Touarègue-TEMOUST réaffirme sa détermination à poursuivre le combat, pour la reconnaissance des droits fondamentaux du Peuple touareg et pour la défense des droits de l’Homme.

Aujourd’hui, le Niger et le Mali se sont vus octroyer le label de "démocraties", ce qui leur permet de "légitimer" davantage la répression contre la communauté touarègue pour mieux occulter ses revendications. Cette "démocratie" plus redoutable encore que n’importe quel régime militaire, prive paradoxalement notre peuple de tout espoir de justice et de liberté.

L’impunité des bourreaux et la poursuite des massacres, notamment au Mali, rentrent dans une stratégie d’étouffement et d’anéantissement du peuple touareg comme nation pouvant revendiquer le droit de décider de son destin.

Dans le contexte actuel, les autorités du Mali et du Niger font preuve d’une irresponsabilité criminelle en cherchant à opposer les différentes communautés de leurs pays entre elles. Cette attitude, censée diluer la revendication touarègue, va à l’encontre du souci d’unité nationale qui doit prévaloir dans des pays où le seul repère politique demeure l’ethnie et où la cohésion nationale tient à des équilibres déjà difficiles à établir.

Certains vont jusqu’à vouloir opposer des composantes de la communauté touarègues entres elles, et mettre ainsi le problème sur le compte des archaïsmes de la société touarègue comme si celle-ci devait être plus archaïque que les autres.

Nous lançons un appel solennel aux Nations unies, à l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) et à l’Union européenne pour qu’elles prennent leurs responsabilités et qu’elles sortent du silence qui entoure la question touarègue tant sur son aspect juridique que politique.

Nous nous adressons une fois de plus au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’il se décide à la création d’une commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière sur le massacre de plusieurs milliers de civils Touaregs ces cinq dernières années au Mali et au Niger.

TEMOUST