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Le président Mamadou Tandja protégé par la « diplomatie de l’uranium »


Les menaces de sanctions de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) et des principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux de son pays n’y ont rien fait. Mamadou Tandja a maintenu le cap des réformes entreprises sur la terre qui l’a vu naître depuis le début du second semestre 2009 en organisant le 20 octobre des législatives contestées. Lassitude ou impuissance de la Cedeao et de la fameuse communauté internationale devant le mammouth nigérien ? La « diplomatie des ressources minières » semble avoir ostracisé plus que jamais le régime de Niamey.

Les 15 Etats de l’Afrique occidentale ont bien tenté une ultime conciliation entre pouvoir et opposition par l’entremise d’une mission de bons offices assurée par la présidente du Libéria, Ellen Johson-Sirleaf le 18 octobre dernier. Les 27 de l’Ue (Union européenne) ont eu beau demandé un report des élections législatives contestées pour amorcer un dialogue fructueux entre le régime de Mamadou Tandja et ses plus sérieux opposants. Mais, l’homme fort du Niger n’a pas pris en compte tous ces paramètres pour donner corps à ses scabreux plans politiques.

Après la bourrasque du referendum contesté qui a balayé toutes les institutions légales et démocratiquement établies, place à la tenue des législatives pour légitimer à la Tandja les actions politiques dans ce vaste pays d’Afrique de l’ouest. « Le dossier nigérien a été relégué au second plan par la crise guinéenne devant la Cédéao et la communauté internationale », s’inquiétait récemment un adversaire politique du vieux président (71 ans). Eh bien, l’organisation sous-régionale lui a prouvé le contraire à travers ses sorties diplomatique et médiatique de ces derniers jours. Elle a suspendu le Niger jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel dans ce pays. Des sanctions qui risquent d’apparaître comme de l’eau versée sur le dos d’un canard. Un peu comme l’a été en août dernier, le blocage d’une aide budgétaire de Bruxelles à Niamey.

Les fondements des manœuvres politiques kafkaïennes dans ce pays sahélien sont dorénavant un secret de polichinelle : la réelle mise en branle de l’exploitation des immenses ressources d’uranium (dont le Niger est le second producteur mondial) et de pétrole. Le président français Nicolas Sarkozy avait lui-même effectué un déplacement au Niger, à quelques mois de la tenue du référendum du 04 août 2009. Il a personnellement assisté à la signature d’un important accord commercial entre Niamey et la multinationale française Areva.

Les velléités de modification à pas de charge par le pouvoir en place des textes constitutionnels que s’est donné démocratiquement le peuple nigérien existaient déjà à l’époque. Au nom de l’importance du bail commercial qui venait d’être conclu entre Areva et Niamey, le président Sarkozy n’a fait qu’effleurer les critiques légitimes à adresser à son homologue septuagénaire nigérien. Depuis la conclusion de cet accord sus-cité, au nom de la solidarité européenne et de la « défense commune invisible » des intérêts en Afrique d’un membre de l’Ue, les critiques à l’encontre du régime Tandja se sont progressivement affaissées voire tout simplement ramollies.

Selon plusieurs observateurs, les innovations démocratiques de Mamadou Tandja semblent avoir été bien planifiées, au grand dam des opposants nigériens. A côté de la conclusion d’accords majeurs autour de l’exploitation de ressources comme l’uranium et le pétrole, le pouvoir central de Niamey s’est aussi rapproché depuis peu de Pékin. Histoire d’avoir un autre allié de poids si les Européens viennent à lui faire faux bon. Autant dire que le président Tandja a beaucoup d’alibis à brandir en foulant au pied le respect de la démocratie réclamé par la Cédéao dont il a été le président en exercice plusieurs fois. Une façon aussi de signifier indirectement à ses pairs ouest-africains qu’ils n’ont pas de leçon à lui donner en matière de respect de l’Etat de droit. Disposer de ressources naturelles en Afrique peut donc être source de malheurs pour la population et « d’immunité » diplomatique pour le dirigeant !

Source:
http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?article768

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