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SITUATION AU NIGER

L’UA adoube TANDJA

Tout peut arriver. Le président nigérien Mamadou Tandja a daigné quitter son pays pour quelques jours. Le prétexte en a été les festivités du 40e anniversaire de l’accession au pouvoir du leader de la révolution libyenne, par ailleurs son grand ami, le colonel Mouammar Kadhafi. Plus d’un aura été ébahi, ahuri de constater la virée en pays étranger de Mamadou Tandja. Et pour cause. L’homme est volontiers casanier, ne se déplace hors de chez lui que très rarement, volontairement autarcique. Et c’est bien la raison pour laquelle son escapade en terre libyenne renferme bien d’autres motivations que celles officiellement annoncées.

L’anniversaire des 40 années du colonel roi des rois d’Afrique est un fait. Mais au-delà, il faut croire que ce que recherchait le président nigérien était bien la rencontre de l’UA, concoctée en marge des célébrations populaires. Et pour cause. Tandja avait besoin de se faire adouber par ses pairs africains, pour lui, pour le Niger et pour la communauté internationale. Il avait besoin d’une respectabilité que seule l’instance panafricaine pouvait lui procurer. Car, pour être anti démocrate, il n’en a pas moins envie qu’on le prenne pour ce qu’il n’est pas. Et de toute évidence, ce qu’il recherchait, il l’aura obtenu. Et ce, dans un contexte pour le moins tendu que vit le Niger.

Un célèbre opposant au cachot, un journaliste embastillé au motif qu’il aura commenté de façon tendancieuse une décision d’Etat, et, dernier évènement mais pas le moindre, la mission de la CEDEAO qui renonce à se rendre à Niamey. La température sociale n’est pas au beau fixe en ce moment au Niger.

Et ceux qui s’en soucient n’auront que leurs yeux pour pleurer. Car le président Tandja, lui, étrenne son mandat et ne parle que de 6e République. Au grand dam de ses opposants et de la société civile négérienne, qui la lui contestent et restent attachés à la 5e, trouvant nulles toutes les dernières décisions que le chef de l’Etat a prises et a la ferme intention d’appliquer. Les férus de droit constitutionnel auront sans doute matière à réflexion. Mais, il faut le reconnaître, cet adoubement de l’UA est sans doute une victoire politique pour Mamadou Tandja, de même qu’il résonne comme une mini-défaite pour ses opposants. Car, après tout, le message lancé par Tandja est d’une clarté d’eau de roche : il veut prouver que l’ensemble de ses pairs africains le reconnaît, de même qu’il cherche à faire croire que la crise dans son pays n’a même pas l’importance d’une broutille. En un mot, il tient à revendiquer une salvatrice légitimité à l’échelle africaine. Et, de toute évidence, cette prouesse, il aura réussi à l’accomplir. Pas un de ses pairs, l’occasion de ce sommet de l’UA n’aura pipé un seul mot désobligeant à son endroit. Personne n’aura osé évoquer un sujet qui fâche. On aura parlé, comme malheureusement de coutume, des habituels blablabla d’ordre général. Tout le monde se sera félicité du "succès" du sommet, et on se sera séparés, satisfaits et heureux de constater que les Etats-Unis d’Afrique sont sur orbite En attendant, au Niger, la situation est plus que délétère et le ciel ne fait que s’assombrir. Car, cette désormais fameuse 6e République n’augure rien de bon. La fronde sociale grogne et ses leaders n’ont pas du tout envie de se laisser conduire à l’abattoir avec la docilité d’un agneau de sacrifice, tandis que le président Tandja, fort du succès d’un référendum qui le sanctifie, et d’une UA qui l’ennoblit, tiendra mordicus à faire savoir qu’il est seul maître à bord, quitte pour cela, à utiliser la méthode forte. C’est un truisme que d’affirmer que se pose en ce moment au Niger, un problème. La vraie question serait sans doute : comment en trouver la solution ? De toute évidence, pas du côté de l’UA. Et cela, on le comprend fort aisément. Bon nombre des chefs d’Etats membres de l’institution panafricaine auront mauvaise conscience si l’envie leur venait seulement de chercher à reprocher quoi que ce soit au président nigérien.

Ils auront eux-mêmes fait au moins ce qu’a fait le président nigérien, ou alors, in petto, s’apprêtent à le faire. Dans des cas du genre, la prudence commande de se taire, sinon on finit par subir le ridicule de l’arroseur arrosé. La dernière décision de suspension de la mission de la CEDEAO est révélatrice de l’embarras auquel sont confrontés les pairs africains de Mamadou Tandja : ils ne savent même pas de quel côté aborder le problème.

Et c’est Tandja qui en profite. Il étrenne désormais sa "chose", s’enorgueillit et se pavane, plus que jamais légitime, dans ses fonctions de chef d’Etat, et tant pis pour les démocrates de tous bords qui craignent ses dérives dictatoriales.


"Le Pays"
http://www.lepays.bf/spip.php?article2986

bonjour,
je pense que c'est une illusion pour les democrates nigériens de compter sur l'appui des autres chefs d'état africain pour restaurer la démocratie au Niger.
La restauration de la democratie doit etre une lutte interne, comme l'avait si bien dit Joseph Kizerbo, "an lara an sara", "si tu te couche t'es un homme mort, on va te piétiner".
La lutte ne doit pas faiblir, le fatalisme ne doit pas tuer la democratie au Niger.