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NOUVELLE CONSTITUTION NIGERIENNE

Le rejet continue, la répression se durcit




Promesse faite, promesse tenue. Les opposants au projet d’adoption de la nouvelle Constitution taillée sur mesure du président nigérien Mamadou Tandja semblent n’avoir qu’une seule parole. Après avoir usé, sans succès, des moyens constitutionnels à leur disposition pour empêcher le référendum, la société civile et les partis d’opposition avaient exprimé leur intention d’aller jusqu’au bout en organisant des manifestations de désobéissance civile. Les militants des partis d’opposition ont manifesté samedi à Niamey et dans d’autres villes du Niger. Selon le vice-président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Mohamed Bazoum, ces manifestations avaient pour objectif de dénoncer la promulgation du décret consacrant la nouvelle Constitution, et de protester contre l’interdiction à eux faite de jouir de leur droit à l’expression libre et aux manifestations publiques. Les frondeurs du pouvoir nigérien ont donc fait leur l’adage qui suggère que du moment où une maison est hantée par un mauvais esprit, on ne la referme plus, on multiplie plutôt les stratagèmes possibles pour l’en extirper. Mais tireront-ils seulement un jour leur épingle d’un jeu dans lequel les dés paraissent toujours pipés ?

En effet, le régime de Tandja dispose de la force la plus dissuassive, à savoir la police et l’armée, dont il use et abuse. Les récents rassemblements ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes et de matraques, et le président du Front pour la république et la démocratie (FRD), Mahamane Hamissou, a annoncé des blessés et des gens arrêtés. Une telle propension systématique à la répression est difficile à comprendre dans la mesure où les autorités nigériennes clament la légitimité de leur pouvoir qu’elles prétendent détenir du peuple. Par ailleurs, elles présentent le Niger comme une démocratie dans laquelle tous les citoyens jouissent de leurs droits et libertés qui leur sont reconnus. Mais la réalité est tout autre, au regard de la discrimination dont sont victimes les opposants à la nouvelle Constitution, qui sont pourtant des citoyens à part entière. L’un des droits les plus fondamentaux tels que la liberté de choix et d’expression leur a été purement et simplement confisqué. En bandant les muscles devant tout mouvement de protestation, même pacifique, le gouvernement de Niamey cache mal sa peur, et cela est plus significatif qu’il n’y paraît. Car il aurait réellement l’assurance du soutien du peuple, ne serait-ce que dans sa majorité démocratique, qu’il ne se soucierait pas tant de l’effet de l’action de manifestants qu’il qualifie du reste de minoritaires. Connaissant aussi de quoi pourraient être capables une société civile et une opposition nigériennes libres, le président nigérien préfère ne pas tenter le Diable. Quant aux protestataires, comme un enfant à qui l’on administre de violentes fessées tout en lui défendant tout cri audible, ils devront réfléchir à d’autres formes de lutte plus porteuses, et s’armer d’abnégation et de patience.


Par Honoré OUEDRAOGO
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