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Actualités du Niger
Le président Mamadou Tandja est désormais déterminé à prolonger son mandat en dépit des règles de la Constitution. Au risque de provoquer une crise politique dont le Niger se serait bien passé. Jusqu’où peut-il aller? Analyse.
La crise politique tant redoutée au Niger est désormais une réalité. Déclenchée par le chef de l’État luimême. Résultat d’une impénétrable contorsion de l’esprit, le président Mamadou Tandja décide d’organiser un référendum en vue de prolonger son mandat, alors même qu’il devrait se retirer en décembre prochain, au terme de son deuxième et dernier quinquennat, conformément à la Constitution. Pourtant, si l’on a pu observer à travers le continent des mauvais coups portés à la Loi fondamentale par certains chefs d’État désireux de s’éterniser au pouvoir, Mamadou Tandja était bien à l’abri de tels soupçons. Avec son image de «père tranquille », qualifié même de « sage » par des opposants, Tandja, arrivé au pouvoir en 1999 grâce aux vertus de la démocratie, et réélu en 2004 pour un ultime mandat, n’a jamais rien laissé paraître de ses intentions actuellement affichées. Pas plus tard que l’an passé, lors d’une de ces rencontres périodiques qu’il a instituées avec les partis politiques, il avait confié à un leader de l’opposition: «Je me retire en décembre 2009, je prends ma retraite. Je suis un militaire, un homme d’honneur, j’ai le respect de mes engagements. Jamais il ne me viendrait à l’idée de chercher à modifier la Constitution pour tenter de me maintenir au pouvoir. » Et d’ajouter, comme pour mieux convaincre son interlocuteur : «Quand le président Olusegun Obasanjo (ex-chef de l’État du Nigeria, ndlr) avait tenté de modifier la Constitution pour prolonger son mandat, c’est moi qui l’en avais dissuadé.»
Alors, quelle mouche a piqué le «père tranquille » ? Depuis plusieurs mois, l’affaire était évoquée mezza voce dans les milieux informés. Mais tous espéraient encore que le numéro un nigérien ne franchirait pas le Rubicon. Comment cet homme réputé « sage » pourrait-il mettre en péril à la fois sa réputation et son pays, cité, lors de son élection en 1999, comme un «modèle de démocratie » ? Au-delà de la déception suscitée par la décision désormais officielle de prolonger indûment son mandat, Mamadou Tandja vient surtout d’ouvrir une crise politique dont le Niger se serait bien passé. Ainsi, à sept mois de la fin de son quinquennat, une inquiétante tension règne au Niger, avec la multiplication de manifestations, et la colère encore retenue d’une classe politique déterminée à « sauvegarder les acquis démocratiques ». Comment ce président, si fier de proclamer son attachement au terroir peut-il, soudain, ignorer à ce point la réalité d’un pays qui s’est construit grâce à une classe politique expérimentée, souvent sophistiquée, et ayant toujours fait la preuve d’une exigence sans faille à l’égard des règles édictées au sein et au nom de la république ? Un pays dont la jeunesse et la société civile ont toujours été à la pointe de batailles sociétales majeures (on pense notamment à la lutte contre la vie chère, déclenchée au Niger deux ans avant la crise alimentaire qui s’est révélée l’an passé). Un pays, aussi, où les crises politiques ont parfois débouché sur des violences extrêmes (la mémoire récente reste marquée par l’horrible assassinat du président Baré Maïnassara le 9 avril 1999, un coup d’État perpétré par les membres de sa garde présidentielle, et qui ouvrira la voie à la restauration de la démocratie).
Comment Tandja pourra-t-il modifier les règles inscrites dans la Constitution tout en échappant aux accusations de coup d’État et de parjure? Le législateur nigérien est on ne peut plus clair: l’article 36 de la Constitution interdit toute révision par voie législative et référendaire. Un verrou inviolable absent des Constitutions des autres pays du continent, et qui devait définitivement contrer toute velléité de modification de la Loi fondamentale à des fins inavouables. Mais Mamadou Tandja a trouvé la parade : un référendum pour la mise en place… d’une nouvelle Constitution. Fallait l’oser ! L’argument du président pour justifier la manoeuvre ? «Parce que le peuple veut que je reste». Le peuple? Quel peuple ? Celui, virtuel, que le président pense acquis à cette funeste aventure ? Ou celui qui, depuis l’annonce de ce projet de référendum, se déplace par dizaines de milliers pour manifester son refus d’une telle dérive ? Les partisans du chef de l’État –un cercle d’amis, de parents et d’affairistes de tout poil– affirment la nécessité de prolonger son mandat « pour seulement trois années supplémentaires» afin qu’il fasse aboutir « ses nombreux chantiers ». Trois ans ? Pourquoi pas cinq, voire dix? Quoi qu’il arrive dorénavant, Mamadou Tandja a déjà pris le risque de sortir de l’histoire du Niger par la plus petite porte.
Mais que s’est-il passé ? Comment Tandja en est-il arrivé à vouloir, aujourd’hui, « initier une carrière de dictateur à 71 ans », comme le dit un opposant ? En réalité, il semble bien que l’homme a bien caché son jeu, dans un pays où, ces cinq dernières années, la situation sociopolitique n’a cessé de se dégrader. Le bilan du régime est loin d’être aussi brillant que ne le clament ses ténors. À l’intérieur du pays, les fameux chantiers engagés par le chef de l’État pour améliorer la vie des villages ne sont plus une priorité, et les conditions de vie des habitants sont par endroits dramatiques (pénurie chronique d’eau, baisse vertigineuse du taux de scolarisation, non-accès aux soins primaires, etc.). Alors que le Niger a engrangé des aides massives ces dernières années, en même temps que la remontée du cours de l’uranium, tous les indicateurs économiques attestent de l’état d’un pays qui peine à se redresser. En outre, l’on a pu observer une effarante recrudescence de l’affairisme et de la corruption, dans une ambiance où les proches du numéro un nigérien sont devenus omniprésents dans les plus hautes sphères de l’économie nationale, tirant profit sans retenue des avantages que confère leur appartenance à l’espace devenu privatif de la gestion de l’État. C’est donc un pouvoir personnel, succombant à ses propres délices et aux pressions douteuses d’un clan de profiteurs, qui désire aujourd’hui prolonger son règne. Dans un pays toujours fragile, la colère monte contre Tandja, devenu cet obscur « Janus » qui risquerait, en menant à terme l’aventure d’un tel référendum, d’allumer un nouvel incendie au Niger.
L’opposition, pour l’heure, s’en tient à une riposte républicaine, à coups de communiqués et de manifestations populaires. Pour combien de temps ? Face à cette menée aventureuse du président Tandja, nombre des députés et adhérents de son propre parti – le MNSD/Nassara, Mouvement nigérien pour une société de développement – se démarquent pour rejoindre dans le camp des protestataires l’ancien Premier ministre Hama Amadou, jeté dans les geôles pendant près d’un an par la volonté du président et qui bénéficie depuis peu d’une liberté conditionnelle (lire Continental n° 79). Une sorte d’union sacrée est en train de se constituer, entre les diverses composantes de la classe politique. Objectif : empêcher à tout prix le chef de l’État de ruiner cette démocratie nigérienne à laquelle il doit son élection et son pouvoir.
Francis Laloupo
http://www.continentalmag.com/site/inde ... Itemid=126
Ajouté à cela les pseudo intellectuels de tous bords qui l'ont encouragé dans cette voie.Tous ceux qui connaissent Tanja depuis les années 65 vous diront que l'homme est incapable seul de violer son serment.
Comme toujours,tout dépend de l'entourage et il ne suffit pas de blamer Tanja seul,il faut aussi étudier son milieu social,son parcours d'éxecutant sous le Conseil Militaire Suprême,ses années d'apprentissage avec Hama Amadou,les hommes et les femmes de son entourage.....et peut être on comprendra mieux .
Kerbou
J'espère que le séjour dans la montagne s'est bien passé ......
Et tu penses que ses notions existent chez les différents chefs de fronts armés ? En fait, ils ont prouvé à la face du monde, qu'ils ne sont que des profiteurs prêts à verser le sang de leur frères pour de l'argent....Dans le temps, ils ont dit tout sur Tandja mais malheureusement aujourd'hui non seulement l'histoire lui a donné raison mais aussi, ils ont compris qu'en faite celui-ci est leur père !!!!
Ceux qui crient que c'est leur père ne sont pas ceux qui le combattent.
C'est bon à savoir.
Tu sais mieux que moi que le reportage de Iboun Gueye n'est pas réel.
C'est bon aussi à savoir.
Tu sais aussi mieux que moi que Tanja ne s'est pas levé un matin tout seul pour faire Tazarché.
C'est bon aussi aussi à savoir
ETC.............
Bonne journée
Kerbou
Cela a été l'expression de la parole donné, la manifestaton de la franchise, une marque de respect placé dans un contexte de reconciliation, sutout quand ce père a 71 ans.. Il faut essayer de voir un peu plus loin...
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