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Tandja et les députés nigériens : « Je vous augmente et vous prolongez mon mandat »



Les députés, sous tous les cieux , ont généralement trois missions qui leur sont dévolues à l’hémicycle : Légiférer, consentir l’impôt et contrôler l’action du gouvernement. En Afrique, on devra leur ajouter un autre rôle, celui de s’octroyer régulièrement des avantages. Une sagesse populaire de chez nous affirme qu’on ne peut pas partager et s’oublier soi-même. Avec les députés de certains pays africains, on peut même dire que toute libéralité, ici le mot charité étant proscrit, commence par eux en premier lieu.

Tenez, il y a 3 mois à peine, les parlementaires algériens avaient triplé leurs salaires avec la bienveillance du président Boutef. Qui avait besoin de leur quitus pour un troisième mandat qu’il va obtenir avec la présidentielle d’avril 2009, question d’achever certains chantiers qu’il a entamés.

Au Niger, apparemment le bras de fer qui oppose le président Mamadou Tandja à son ex-PM, Hama Hamadou, par députés interposés vient de connaître un récent épisode intéressant avec l’acceptation par le chef de l’Etat de l’augmentation des émoluments des députés. Que pourtant de péripéties pour en arriver là !

En juin 2007, Hama Hamadou, alors premier ministre, est renversé par une motion de défiance des députés et 6 mois après, il se retrouvait en prison pour détournement de deniers publics. Derrière cette sanction se cache un semblant de règlement de comptes entre le président et « Hama plus ».

Ce dernier, qui était le patron du MNSD-Nassara, le parti présidentiel, est soupçonné de lorgner le fauteuil présidentiel. Ce qui est légitime, surtout avec sa popularité et sa légitimité. Une situation qui empoisonne de nos jours la vie politique nigérienne. C’est ainsi que le 29 janvier dernier, 12 députés ont encore récidivé en déposant une motion de censure à l’endroit de l’actuel PM Seini Oumarou, un acte qui n’a pas abouti.

Récemment, le chef de l’Etat a convoqué une session extraordinaire pour demander la levée de l’immunité de 3 députés accusés d’avoir dissipé près de 2 milliards de CFA au détriment du Programme décennal de développement de l’éducation. Chose qui traduit l’atmosphère de malaise qui règne au Parlement où l’entente est la chose la moins partagée entre les 113 élus, y compris au sein des 88 de la mouvance présidentielle.

Et quoi qu’on dise, comme nous l’avons déjà souligné dans plusieurs édito, la démocratie marche assez bien au Niger et les députés ne sont pas des beni oui-oui. Tandja le sait parfaitement et s’il y a quelqu’un qui a besoin de ces élus-là, c’est bien lui dont la demande de rallonge de mandat fait des gorges chaudes.

Est-ce un deal qu’il a ficelé avec les députés en signant cette hausse de salaires, pour qu’en contrepartie ceux-ci lui ouvrent la voie pour un 3e mandat qui ne dit pas son nom alors qu’un verrou constitutionnel l’en interdit ? Les ouailles de Hama Hamadou n’en doutent pas et entendent user de tous les moyens légaux pour empêcher cette issue pour le président de la République. C’est certain, on ne finira pas d’entendre parler de ce duel à fleurets démouchetés entre Tandja et son célèbre locataire de la prison de haute sécurité de Koutoukalé (à 70 km de Niamey).

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga
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