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NIGER-GUINEE : Les présidents, leurs armées et leurs transitions
00:05 04.08.2011
A l’issue des élections présidentielles en Guinée et au Niger, des messages avaient afflué de partout pour saluer et féliciter les militaires qui s’étaient sacrifiés pour leurs nations respectives, en organisant des consultations électorales à la faveur desquelles, ils remettaient le pouvoir entre les mains de présidents civils. N’est-ce pas là, l’explication de la promotion dont a été gratifiée le général Sékouba Konaté, au lendemain de l’investiture d’Alpha Condé, le 21 décembre 2010 ? Mais avec les derniers événements dans ces deux pays, on en serait à se demander si les félicitations ne sont pas arrivées un peu trop tôt. Quoiqu’il arrive, au Niger et en Guinée, respectivement, les événements de la nuit du 12 au 13 et du 19 juillet dernier, laissent croire que certains militaires caressent encore le rêve de "re-goûter" aux délices du pouvoir...
Même s’il ne le voulait pas, la tentative de coup d’Etat avortée s’est invitée dans le discours du président Mahamadou Issouffou, à l’occasion de la 51ème bougie de l’indépendance de son pays. En somme, le cycle semble renaitre. A chaque fois que le pays veut entièrement et exclusivement se consacrer à des préoccupations de développement économique et social, des risques d’instabilité viennent freiner les ardeurs.

C’est ainsi qu’en plus de l’engagement en faveur d’une lutte sans merci contre le
phénomène de la corruption, le président du Niger a du donner quelques explications sur les événements de la nuit du 12 au 13 juillet dernier. S’adressant
solennellement à ses compatriotes, il indique alors : « Dix de ceux qui avaient décidé de porter atteinte à la sécurité de l'Etat à travers les événements programmés dans la nuit du 12 au 13 juillet 2011, sont aux arrêts disciplinaires et l'un d'entre eux est en fuite ».

En ce concerne ceux qui sont déjà sous les verrous, Mahamadou Issouffou promet
que la justice sévira dans toute la plénitude de sa rigueur. Un discours et des propos que l’on croirait entendre prononcés par le président guinéen, Alpha Condé. En effet, ce dernier également avait échappé, dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011, à une tentative d’assassinat qui le visait à son domicile privé du quartier Kipé.

En somme, à seulement six jours d’intervalle, les deux démocraties encore en
balbutiements ont failli être remises en cause. Dans ce dernier cas également,
des arrestations ont été opérées. Le nombre de celles-ci est de trente-huit. Vingt-six d’entre eux sont déjà transférés entre les mains de la justice. Là également, les autorités ont laissé entendre que le droit sera dit dans toute sa rigueur.

Mais entre ces deux pays, la similitude ne se limite pas là. Tous deux sortent également d’une transition militaire, au travers d’une élection présidentielle jugée "juste, crédible et transparente" et dont les adversaires ont accepté les résultats. Dans ce cas, que des contradictions et malentendus se manifestent sitôt entre la grande muette et les nouveaux héritiers du pouvoir, parait quelque peu incompréhensible. A moins que les deux ambitieux et audacieux présidents aient tout de suite voulu faire savoir, voire contrôler comment les choses sont gérées dans l’armée. Celui qui est menacé se défend, a-t-on coutume de dire.

Quoiqu’il en soit, l’enseignement qu’il faut tirer de ces drames évités de justesse, c’est qu’il ne suffit pas d’organiser des élections présidentielles pour faire des nations à la fois démocratiques et stables. Cette remarque s’adresse aussi bien à Alpha Condé et à Mahamadou Issouffou qu’aux partenaires étrangers qui s’étaient battus pour que les élections aient lieu. Autant les deux chefs de l’Etat doivent agir de l’intérieur pour réduire au minimum les facteurs de frustration et de fractures, autant la communauté internationale doit comprendre que les démocraties en gestation en Guinée et au Niger, continuent à nécessiter son soutien et son accompagnement. Sinon, tout est possible...

Fodé Kalia Kamara pour GuineeConakry.info
Source:
http://www.guineeconakry.info/index.php ... b30a91020e