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NIGER: Que faire de Tandja ?

Inébranlable, obstiné, têtu et un brin buté. Tout ou presque aura été essayé pour détourner de son chemin le "messie" Tandja, un envoyé du Ciel pour le salut du Niger. Mais encore une fois, la lumière incarnée par le "messie" aura triomphé des ténèbres, avec cette nouvelle pierre venue renforcer l’édifice de son nouveau Royaume ici-bas, ou plutôt de sa VIe République. Une pierre qui porte la marque des très contestées élections locales qui viennent de se tenir dans son pays. Ainsi donc, Mamadou Tandja vient de réussir le tour de force de tenir des élections dont l’opposition avait pourtant réclamé le report, comme si cela ne suffisait pas déjà à l’homme fort du Niger, de passer pour un usurpateur depuis la fin légale de son mandat, le 22 décembre dernier. Décidément, rien n’arrêtera l’homme à la silhouette longiligne dont la boulimie du pouvoir est pour le moins manifeste.

Cette consultation électorale s’est tenue pourtant au moment où pouvoir et opposition ont accepté de s’asseoir autour d’une même table en vue de trouver une solution négociée à la crise institutionnelle qui secoue le Niger. Quelle suite l’opposition donnera-t-elle à cet énième passage en force du dirigeant nigérien, qu’elle interprète certainement comme un véritable pied de nez fait aux pourparlers actuelles ? Cette injure sera-t-elle considérée comme la goutte d’eau de trop débordant le vase, qui l’amènera à claquer la porte et se voir alors accusée d’interrompre unilatéralement le dialogue ? Ou, au contraire, engagée dans les négociations, doit-elle faire comme si de rien n’était, et continuer à avaler ainsi les couleuvres faisandées de Tandja ? Tout un dilemme pour cette opposition qui semble à présent piégée. En tout état de cause, on aura tenté d’apporter tous les remèdes à ce patient qui ne se sait pas malade. L’opposition nigérienne sur les épaules de laquelle pèse le lourd fardeau Tandja, voit de plus en plus ses forces s’amenuiser. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui, pour Tandja, s’est mêlée d’une bagarre qui ne devrait pas être la sienne, en a reçu pour son grade. Quant à la communauté internationale, elle a tort de continuer à s’en prendre au Niger d’autant qu’elle ignore tout de ce pays si "spécifique" qu’un président peut oser s’octroyer une rallonge de trois années au terme de ses deux mandats. Bref, il ne reste plus au monde entier qu’à faire l’amer constat de son impuissance face à l’intrépide Tandja. Malgré les multiples pressions, le dirigeant nigérien n’offre apparemment aucune limite à ses fantasmes "pouvoiristes". Tout cela parce qu’il sait exploiter les vides juridiques contenus dans les textes des organismes communautaires telles la CEDEAO et l’Union africaine. On imaginerait mal en effet une force d’intervention sous mandat de l’un des deux organismes communautaires, débarquer au Niger au motif que son président s’est joué de la Constitution de son pays. Alors que faire face au cas Tandja, que faire de Tandja ? Une certitude : la voix de la CEDEAO aura jusque-là été peu ou prou relayée par celle d’une Afrique qui n’a pas mieux à faire que de se montrer unie et mobilisée face à la tragi-comédie nigérienne. Mais comment est-ce possible quand bon nombre de dirigeants, loin d’être des parangons de vertu démocratique, préfèrent se réfugier derrière ces organismes pour ne pas se "mouiller". De fait, très peu sont bien placés pour faire la morale à leur homologue nigérien ; ils se verraient automatiquement invités par ce dernier à s’occuper d’abord de leurs oignons pourris. L’Afrique doit pourtant avancer, et cesser d’offrir le triste spectacle d’un continent aux mains de dirigeants prétendument indispensables, et jamais rassasiés de pouvoir. Des dirigeants d’un genre nouveau, c’est ce qui manque cruellement au continent.


Par Cheick Beldh’or SIGUE
http://www.lepays.bf/spip.php?article1114

Une bonne analyse , de l'empire comparé ..................... allà Udes !!!