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Forum des voyageurs au Niger |
Arts, Culture et Société du Niger
« Nous sommes le miroir du futur
Où est l’éclair
qui veut connaître
le visage du crépuscule
fondu dans son aube ? »
« Nous sommes la mémoire et le rêve »
« Nous sommes la branche et la racine
du temps »
« Et nous savons
faire oublier à l’homme
le chagrin de ses perles ».
Cette opposition entre violence et douceur n’est qu’apparente car comme un guerrier, Hawad a besoin de se ressourcer dans le silence, la poésie pour y puiser sa force. Il veut nous émouvoir, nous provoquer par des images neuves entre ciel et terre :
« La terre et les cieux sont nuée
de larmes et de mugissements »
« Et nous savons
veiller sur le compagnon vent
quand il s’épuise et brise ses ailes
et apprendre à l’étoile
à rire quand elle s’aveugle ».
Le vent est le seul allié car il efface les traces du passage des nomades là où l’eau est dépendance et où les pluies peuvent être lieu d’embuscade si elles ne sont pas empoisonnées. Pourtant l’eau, c’est la vie et encore plus dans le désert mais le touareg apprend à supporter les manques ce qui fait sa fierté, son orgueil :
« Avec tout ce qui s’est effondré sur nous,
même s’il s’agit du ciel,
avec le fardeau,
nous marcherons ».
Hawad vit depuis 1995 en France. Il nous dit qu’il y a ici des gens plus touaregs que les touaregs (les SDF, les victimes de l’exclusion, de la consommation, tous les délaissés).
La poésie d’Hawad est un cri de guerre contre l’injustice envers son peuple et par extension, envers tout être bafoué :
« Et le front de la nuit
que nous avons blanchi
en veillant sur la pierre
de la résistance ?
Comme nos frères fils d’Israël
au temps de leur grand exil
je bois la conscience nocturne de l’encre
et m’enivre de la raison de l’alphabet ».
La litanie revient, incessante, lancinante, obsédante. Le touareg veut être l’homme du passé dont les origines remontent à plus de deux mille ans mais aussi celui du futur :
« Nous sommes les rivets de la mémoire
dans les tempes de l’aube
et les traits de feu
posés entre les racines
et les envolées de l’absolu ».
Son cri devient lamentation :
« Mon visage est grimé
de lames d’étincelles »
« Car nous sommes
cette pierre tombale
du temps et du vent ».
Hawad a faim d’absolu, d’une faim jamais rassasiée :
« d’une faim d’étoiles
que j’avalerai
dans la poussière de la marche »,
faim d’absolu et soif d’espace, de liberté :
« Écartez-vous, écartez-vous
laissez-nous encore
la bride de l’épuise-vent
Pour l’homme des carrefours
et de l’embouchure des rêves
nul besoin d’un mensonge
crue de larme
bridée par la pitié ».
Comme Icare, au risque de se brûler les ailes au feu de la braise, il veut s’envoler dans le désert des grands espaces :
« Hommes
rêvez
de tous les larges du désert
où nous sommes libres
un seul peuple fier
jalousant les étoiles ».
Il se fait messager pour conserver l’identité de son peuple. Il ne veut pas que les touaregs deviennent un objet de curiosité malsaine et humiliante :
« Hé Touaregs
fruits exotiques pour les média
et les quincailleries touristiques
made in Paris-Dakar
singes toutes directions ».
Il secoue la léthargie des touaregs prêts à oublier leurs origines, par un leitmotiv de questionnements :
« N’avons-nous pas existé ?
Nous étions peuple de javelots »
« N’avons-nous pas vécu ?
Nous étions les palmes
des aurores et des routes
psalmodiant les voix
des tendons et des racines
en fouets enveloppant
la colombe des rêves
au fond des girons
de la flamme et de l’amour »
et il affirme :
« Et Toi
l’autre rive
Pégase aux ailes
de chardons et de braises »
pour finir avec :
« nous avons nourri les braises
Échardes
nous avons remonté la douleur
jusqu’aux fibres du nerf
Et fiel aigre
nous délions les vertiges
et la panse des météorites ».
Comme Pégase, Hawad part vers un désert ailé qui a banni les frontières.
Catherine RÉAULT-CROSNIER
19.09.1997
Bibliographie :
HAWAD, « Buveurs de braises, Ed. MEET, 1995.
Émission « Poésie sur paroles » de Jean-Baptiste PARAT, le 09.03.1996.
Émission de télévision sur les touaregs sur Monte Carlo en avril 1997.
NB : Outre le présent article, vous pouvez lire sur ce site un poème de HAWAD ayant participé au " Mur de poésie de TOURS 2000" : "sans titre".
Il y a longtemps, que nous nous connaissons Marmouden Hawad et moi.
Aussi je vous suis extrêmement reconnaissant pour l’hommage que vous lui rendez.
Il fut l’un de ceux qui, à Tamazalak même, me firent découvrir la profondeur de l’âme humaine et particulièrement celle de son peuple.
Alors, si vous me le permettez, veuillez trouver ci-après un de ses poèmes, qui aujourd’hui encore résonne en moi.
Le nomade,
Il est enturbanné de soleil
Vêtu d’une robe de scorpions
Chaussé d’épines
Il s’appuie sur la vipère fourchue
Il a domestiqué l’essuf
La mort s’écarte de son sentier
Devant lui les montagnes de feu s’effondrent
Derrière lui le tapis de terre s’enroule
Son chemin est tracé par la soif
Cmme le jet ébloui de l’étoile filante
Au-delà des abîmes
Son appui murmure sans trêve
Toi crête de l’univers
Sois cheville
Et tête de pyramide
Hier l’armée d’acier a brûlé sa tente
La sécheresse a balayé ses enclos
Sa femme est au puits
Drapée de chiffons gris
Grimaçante sinistre
Visage enduit de cendres
Tresses dénouées
Veuve fantôme
Ses enfants plient genoux
Dans les marécages du venin
Creux de famine
Entraves de la misère
Couches galeuses
Couvertures de vermines
Patûrages champs clos
Tornades de fumée
Ses chemins s’entassent dans les filets des cloutés
Mis en cellule
Boites de conserve
Le nomade entre dans la cité
Pour acheter trois mesures de blé
Ceux qui vénèrent le béton
Lui crachent au visage
Lui jettent dans le dos
Les os de ses moutons
Hurlements de la ville
Sois maudit nomade
Renard voleur pillard traître
Sauvage compagnon de l’araignée
Frère du chameau
Il quitte le marché
Pour les étoiles
Indifférent exalté
Il n’entend que le son de ses pas
Poussière qui l’enveloppe
Violon qui harmonise
En un seul son
Le passé et le futur
Boucle inondant l’instant présent
Au-delà de ce temps
Il regarde
Et accompagne le jet des âmes
Qui débordent la vie
Pour la tente d’Inta
Et l’aridité d’Abat
Où l’existence devient mousse de lumière
Dans l’océan des mirages miroirs
Il retourne à ses plaintes en chantant
Mélodie de l’errance
Celui qui ne crache pas sur le déshonneur
Demain les contraintes crèveront les yeux
Pour qui ne s’est pas délié
Des chaînes de la servitude
Les nœuds ne se démêleront pas
Qui attachent la trousse des délices
De la graine étincelle.
In : Hawad. Caravane de la soif. Edisud 1985. pages 20-22.
Cordialement.
Michel PONS
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