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Arts, Culture et Société du Niger
Rassemblés par I.Diallo (Mensuel d’Informations générales N°00- Juillet 2007)
CRIME A LA DIGNITER FEMININEL’excision ou les mutilations génitales féminines (MGF) est le nom générique donné à différentes pratiques traditionnelles qui entraînent l’ablation d’organes génitaux féminins. Bien que plusieurs justifications soient données pour le maintien de cette pratique, elle semble liée essentiellement au désir d’assujettir les femmes et de contrôler leur sexualité. En effet les hommes historiquement en sont les initiateurs, et ce sous le prétexte de préserver la fidélité des femmes. Ce problème persiste encore dans certaines de nos campagnes. Un éveil de conscience est nécessaire pour l’éradiqer. Dossier.
On estime à 130 millions le nombre de fillettes et de femmes, à travers le monde, qui ont subi une MGF (Mutilation Génitale Féminine) et qu’au moins 2 millions de fillettes par an risquent de subir la procédure sous une forme ou une autre. Actuellement, les MGF sont pratiquées dans 28 pays africains de la région sub-saharienne ainsi que dans la partie nord-est de l’Afrique. Des rapports indiquent également la pratique sporadique des MGF dans certains pays du Moyen-Orient et dans quelques groupes ethniques de l’Inde et du Sri Lanka. Des communautés immigrées originaires de pays où les MGF ont cours, se livrent également à cette pratique. Mais les interventions varient selon des facteurs tels que l’appartenance à un groupe ethnique et à une région géographique, l’OMS a regroupé les MGF en trois catégories. Les types de mutilations sexuelles des fillettes : On distingue 3 formes principales de mutilations sexuelles : 1) la plus courante est l'excision ou clitoridectomie. Elle consiste en l'ablation partielle ou intégrale du clitoris et des petites lèvres. 2) la forme la plus grave est l'infibulation, encore appelée "excision pharaonique". Lors de cette opération on procède tout d'abord à l'ablation du clitoris et des petites et grandes lèvres. La vulve est ensuite suturée à l'aide de catgut, de fils de soie ou d'épines. Seul un orifice étroit est ménagé pour l'évacuation de l'urine et l'écoulement du flux menstruel. 3) La sunna est la forme la moins "grave". Elle est souvent appelée aussi "excision symbolique". Elle consiste à couper la membrane du clitoris, ou à inciser le clitoris, ou bien encore à en couper le capuchon.
Les conséquences de l'excision pour les fillettes : La plupart des fillettes excisées sont marquées à vie dans leur chair et dans leur esprit. Nombreuses sont les victimes qui ne savent pas que leurs problèmes physiques et psychiques sont directement liés à l'excision. Elles ne peuvent oublier le traumatisme et la douleur. Beaucoup de petites filles décèdent des suites du choc, de la douleur insoutenable ou d'une hémorragie. Nombre d'entre elles souffrent toute leur vie de douleurs chroniques, d'infections internes, de stérilité ou de dysfonctionnements rénaux. Chez les femmes ayant subi une infibulation, l'évacuation de l'urine et l'écoulement du flux menstruel ne se font que difficilement. Lors des accouchements, l'excision est à l'origine de graves complications, qui coûtent fréquemment la vie à la mère ou à l'enfant. Les rapports sexuels sont pour beaucoup de femmes - pour les hommes aussi d'ailleurs - une véritable torture. L'excision féminine, une tradition rituelle profondément ancrée dans les moeurs : La mutilation de l'appareil génital féminin est un rite millénaire. On ignore cependant où et pourquoi il s'est développé. L'excision représente actuellement pour les fillettes, avec le mariage, la cérémonie la plus importante de leur vie : ce n'est qu'après s'être soumises au rite de l'excision qu'elles deviennent de jeunes femmes et qu'elles sont pleinement acceptées et reconnues dans la communauté. L'excision est un sujet tabou et les petites filles ne savent pas exactement ce qui les attend. On leur fait miroiter une grande fête et beaucoup de cadeaux - la plupart ne se doutent pas des souffrances atroces qu'elles vont endurer. L'excision fait partie de la vie de beaucoup de communautés africaines, comme chez nous la communion ou la confirmation. Beaucoup de petites filles attendent avec impatience le jour de leur excision et sont par la suite très fières d'appartenir enfin à la communauté. Les raisons de l'excision diffèrent d'une région et d'une ethnie à l'autre. Beaucoup pensent à tort que l'Islam prescrit l'excision. Les femmes non excisées sont considérées comme impures et incapables de maîtriser leurs pulsions sexuelles. D'autres ethnies croient que le clitoris peut empoisonner l'homme ou l'enfant à la naissance. D'autres encore croient que le clitoris est un organe masculin qu'il convient de couper afin que la fillette devienne une femme à part entière. Les hommes refusent d'épouser des femmes non excisées. Beaucoup d'entre eux croient que les femmes non excisées sont toujours adultères, que le clitoris retient le pénis prisonnier lors d'un rapport sexuel et que la pénétration est impossible chez les femmes non excisées. L'excision est un sujet tabou, quiconque en parle se couvre de honte et jette l'opprobre sur toute sa famille. C'est pourquoi cette tradition n'est que rarement remise en question. La pression sociale et le risque de se faire exclure par la communauté sont tels qu'il est quasiment impossible pour les femmes de se rebeller contre les traditions. Durant toute leur vie, les femmes sont conditionnées pour servir la communauté et réprimer leurs envies L'excision en Europe - un sujet délicat Ce problème "africain", apparemment lointain, est devenu, avec l'immigration, une réalité en Europe : aujourd'hui à Paris, Rome, Stockholm, Amsterdam, Manchester Londres ou Berlin, l'excision est pratiquée illégalement. Et pas seulement dans la pénombre de chambres miteuses, mais aussi dans des cabinets de médecins. Par peur de sanctions, beaucoup de familles préfèrent faire exciser leurs petites filles pendant les vacances scolaires dans leur pays africain d'origine. Dans beaucoup de pays occidentaux, l'excision est punie par la loi - du moins sur le papier. De plus en plus de femmes africaines et occidentales se mobilisent dans ces pays pour lutter contre ce rite sanglant et faire en sorte qu'en Europe au moins, les fillettes y échappent. La situation en France On estime qu'au moins 30 000 femmes et fillettes excisées vivent actuellement en France. Différentes organisations avancent le chiffre de 10 000 à 20 000 petites filles originaires d'Afrique, exposées au risque d'excision. La France est le seul pays d'Europe où l'excision a déjà donné lieu à plus de 20 procès. En raison du nombre élevé d'immigrants africains, l'excision est en France, depuis plus de 20 ans, un sujet épineux et toujours d'actualité. En 1982, la petite Bobo, âgée de 3 mois, décède des suites d'une hémorragie - l'opinion publique en France s'en émeut vivement. En 1983, une Française d'origine africaine est condamnée à une peine avec sursis pour avoir fait exciser sa petite fille - depuis lors l'excision est considérée comme une mutilation et la peine encourue peut aller jusqu'à 20 ans d'emprisonnement. En 1991, l'exciseuse Aramata Keita est condamnée en France à une peine de 5 ans d'emprisonnement - c'est la première condamnation à une peine de prison ferme. En 1993, des parents ayant fait exciser leurs fillettes sont condamnés pour la première fois à une peine d'emprisonnement. Les exciseuses nigériennes hors-la-loi : Le gouvernement nigérien va sanctionner les personnes reconnues d’avoir opéré des mutilations sexuelles génitales. Peines de prison et amendes sont prévues pour les exciseuses qui ne veulent pas déposer leurs couteaux. Une avancée énorme dans un pays où l’excision est taboue.Les mutilations génitales féminines (GMF) sont pratiquées dans 28 pays du monde, sous une ou plusieurs formes, principalement en Afrique mais aussi au Sultanat d’Oman, au Yémen et aux Emirats arabes unis. Des délégués de 28 pays africains, arabes et méditerranéens se sont donnés rendezvous au Caire, du 21 au 23 juin, pour une consultation d’experts afroarabes. Le thème de cette rencontre internationale : " Normes législatives pour la prévention des mutilations génitales féminines ". En d’autres termes : faire en sorte que des lois régissent dans chaque pays la pratique de l’excision dont les conséquences physiques et sanitaires peuvent être très graves. Le nombre de femmes et de petites filles mutilées tourne autour des 130 millions, principalement en Afrique et dans le monde arabe, et chaque année, environ 2 millions de fillettes et de jeunes filles sont exposées au risque de mutilation. " Nous sommes déterminées à nous battre contre ce problème et à assurer un avenir meilleur à nos filles ", a déclaré Suzanne Moubarak, première dame d’Egypte, à l’ouverture de la conférence. " L’excision a un impact très négatif sur la santé psychologique et physique des fillettes. Nous devons adopter une législation claire et précise qui permette de combattre ce mal. Ce sera un premier pas même si les lois ne mettront pas un terme définitif à cette pratique. " Tradition obsolète : De fait, les législations nationales, notamment dans les pays africains, n’en sont pas toutes au même stade en ce qui concerne la lutte contre l’excision. Ainsi, le Mali espère que sa présence au Caire fera avancer les choses. Comme l’explique Yacouba Maïga, chargé de programme à l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (Amsopt) : " Cette réunion du Caire est très importante. Elle doit permettre une uniformisation des législations dans les pays. Notre directrice, Kadidja Sidibé, participe au débat et nous avons tenu également à ce que le Mali soit représenté politiquement par le député maître Demba Traoré. Nous espérons ainsi accélérer l’adoption par l’Assemblée nationale malienne d’un projet de loi sanctionnant l’excision ". La rencontre, initiée par le Conseil national pour la femme et l’enfant basé dans la capitale égyptienne suscite donc bien des espoirs. Pour Mouchira Khattab, sa secrétairegénérale : " L’excision est une tradition obsolète,qui n’est pas requise par la religion. Notre challenge est de stopper ce transfert de pratique à la prochaine génération ". Heureuse que ce sujet, longtemps tabou en Egypte, soit débattu publiquement, elle affirme : " Le mur du silence vient de tomber. Le débat national sur les mutilations génitales féminines vient de commencer. "
Last Updated ( Saturday, 14 July 2007 )
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