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Discrimination «Un chien ici a plus de droits qu’une femme au Niger»

Dans un emploi du temps surchargé jusqu’en octobre, il ne lui restait qu’une seule semaine libre». Cette semaine-là, Marie-Christine Barrault, 63 ans, a participé à une mission sur le terrain de la fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Le thème : les droits des femmes au Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète. Pour l’association, qui vient de lancer une campagne mondiale baptisée sans réserve, comme pour la comédienne, ce «partenariat » était une première. «J’ai dit oui !, je ne pouvais que dire oui ! Comme à chaque fois qu’une porte s’ouvre dans une direction que je n’ai pas encore expérimentée», explique-t-elle avec enthousiasme. Entre deux tournées théâtrales en province, où elle joue ces temps-ci la pièce d’Eve Ensler «les monologues du vagin», l’actrice s’est donc entièrement immergée dans ce pays musulman de l’Ouest africain. Répudiation, mariages précoces, polygamie Pieds nus dans son appartement parisien, elle raconte ce périple, un tourbillon de rencontres et d’échanges. «Nous avons vu un nombre incroyable de gens, de tous les échelons de la société : de la femme du Président de la République aux femmes victimes, des juges aux chefs religieux… » De ce «puzzle », dit-elle, «sort une vérité» : «un chien ici a plus de droits u’une femme au Niger !»

Répudiation, mariages précoces, polygamie, absence de code de famille dans un Etat où le droit coranique, celui d’un régime républicain et la force des traditions s’entrechoquent… «la non information et le manque d’éducation sont les premiers obstacles» avance Marie Christine Barrault. Le premier matin, elle découvre le triste sort de ces toutes jeunes filles qu’on appelle «les fistuleuses». «Elles sortent à peine de l’adoles- cence. Mariées à 10 ou 12 ans, elles ont déjà eu plusieurs grossesses. Leur système génital et urinaire est détruit…Parce que devenues incontinentes, elles sont répudiées et rejetées par leur communauté. Mais des associations commencent à s’en occuper ! Des opérations de chirurgie peuvent être effectuées». A l’inverse de ce fatalisme si prégnant là-bas, qui voudrait que «Dieu l’a voulu», l’actrice s’emporte : «Dieu est trop occupé pour résoudre ça ! Il faut l’éviter. Il faut combler les vides juridiques !» «Les monologues du vagin» parlent aussi de la femme. Marie-Christine Barrault souhaite profiter de ses prochaines représentations pour raconter un peu de ce qu’elle a vu au Niger. Comme cette fin d’après-midi magique dans un faubourg de Niamey, la capitale. «Nous étions reçus dans une association qui soutient les femmes répudiées. Elles avaient revêtu des boubous faits d’un même tissu. Elles étaient si belles ! Hormis l’une d’elles, toute triste au premier rang, elles se sont toutes mises à chanter et à danser !» L’engagement de la comédienne n’est pas seulement celui d’une semaine. Jeudi prochain, elle a rendez-vous à la FIDH pour une réunion de compte rendu de la mission. Et d’affirmer avec son sourire rayonnant : je n’ai qu’une envie : repartir à leurs côtés pour d’autres missions !