Destination Terre > Antarctique
I. — EXPÉDITION PRÉPARATOIRE (9/12) |
Antarctique
Samedi 10 Janvier 1914
Fréquemment les poneys enfoncent jusqu'à mi-jambes; en outre, le traînage est rendu très laborieux par les morceaux de neige molle que le dernier blizzard a accumulés. En dépit de toutes ces difficultés, nous poussons énergiquement en avant, mais Weary Willie, le cheval de Gran, faiblit et bientôt il reste en arrière.
A un moment Weary Willie se trouve à 1 200 mètres environ derrière le gros de la caravane, et les attelages de chiens approchent. Soudain de bruyants aboiements résonnent ; évidemment, de ce côté, il se passe quelque chose d'insolite. Incontinent Oates et moi partons à la découverte et bientôt rencontrons Meares, qui nous met au courant des événements. A la vue de Weary Willie fort mal en point, son attelage lui a gagné à la main et voyant le poney tombé, l'a attaqué avec fureur. A grand-peine les assaillants, ont pu être repoussés ; néanmoins le cheval a reçu plusieurs coups de crocs, pas très graves, fort heureusement.
Mercredi, 15 février. — Mauvaise piste ; croûtes verglacées que les sabots des poneys crèvent et amas de neige pulvérulente qui colle aux patins. Pour la première fois, le cheval de Bowers refuse à plusieurs reprises de tirer; par contre, Weary Willie va mieux.
Pendant le lunch, température : —26°,1. Sous la tente, en attendant que les poneys se soient reposés, il ne fait pas précisément chaud. Maintenant, pendant que j'écris mes notes, le thermomètre marque —21.,6, mais le soleil brille et il n'y a pas de vent. Aussi n'éprouve-t-on aucune impression désagréable de froid, et les mocassins comme les bas sèchent très bien. Nos rations sont très copieuses; la quantité de vivres nécessaire à un homme pendant l'expédition a donc été très exactement évaluée. En somme, tout va bien, sauf les poneys. Plus je considère la situation, plus impérieuse me parait la nécessité de ne pas nous exposer à perdre des chevaux dans cette reconnaissance, afin d'en tirer l'an prochain le plus grand parti possible. Ce serait une grosse imprudence d'en sacrifier quelques-uns cette année, comme le conseille Oates. Nous avons même poussé trop loin pour les forces de trois de ces animaux. Un fait demeure acquis : sur cette piste, une bonne raquette vaudrait son pesant d'or ; si nous réussissons à en fabriquer de réellement pratiques pour l'année prochaine, les étapes pourront être notablement plus longues.
Jeudi, 16 février. - Piste bien meilleure, mais les poneys commencent à être épuisés. Trois sur cinq seulement peuvent continuer sans difficulté; le cheval de Bowers est encore capable de marcher, mais Weary Willie est complètement épuisé; le pousser plus loin serait courir un gros risque ; donc, demain, nous battrons en retraite.
A un moment Weary Willie se trouve à 1 200 mètres environ derrière le gros de la caravane, et les attelages de chiens approchent. Soudain de bruyants aboiements résonnent ; évidemment, de ce côté, il se passe quelque chose d'insolite. Incontinent Oates et moi partons à la découverte et bientôt rencontrons Meares, qui nous met au courant des événements. A la vue de Weary Willie fort mal en point, son attelage lui a gagné à la main et voyant le poney tombé, l'a attaqué avec fureur. A grand-peine les assaillants, ont pu être repoussés ; néanmoins le cheval a reçu plusieurs coups de crocs, pas très graves, fort heureusement.
Mercredi, 15 février. — Mauvaise piste ; croûtes verglacées que les sabots des poneys crèvent et amas de neige pulvérulente qui colle aux patins. Pour la première fois, le cheval de Bowers refuse à plusieurs reprises de tirer; par contre, Weary Willie va mieux.
Pendant le lunch, température : —26°,1. Sous la tente, en attendant que les poneys se soient reposés, il ne fait pas précisément chaud. Maintenant, pendant que j'écris mes notes, le thermomètre marque —21.,6, mais le soleil brille et il n'y a pas de vent. Aussi n'éprouve-t-on aucune impression désagréable de froid, et les mocassins comme les bas sèchent très bien. Nos rations sont très copieuses; la quantité de vivres nécessaire à un homme pendant l'expédition a donc été très exactement évaluée. En somme, tout va bien, sauf les poneys. Plus je considère la situation, plus impérieuse me parait la nécessité de ne pas nous exposer à perdre des chevaux dans cette reconnaissance, afin d'en tirer l'an prochain le plus grand parti possible. Ce serait une grosse imprudence d'en sacrifier quelques-uns cette année, comme le conseille Oates. Nous avons même poussé trop loin pour les forces de trois de ces animaux. Un fait demeure acquis : sur cette piste, une bonne raquette vaudrait son pesant d'or ; si nous réussissons à en fabriquer de réellement pratiques pour l'année prochaine, les étapes pourront être notablement plus longues.
Jeudi, 16 février. - Piste bien meilleure, mais les poneys commencent à être épuisés. Trois sur cinq seulement peuvent continuer sans difficulté; le cheval de Bowers est encore capable de marcher, mais Weary Willie est complètement épuisé; le pousser plus loin serait courir un gros risque ; donc, demain, nous battrons en retraite.
© Le Tour du Monde 1914, Edouard Charton, tome XX, NS, n°2, p21
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